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LA SITUATION
ET LES
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE LA CHINE

S’il est une conséquence certaine de la guerre entre la Russie et le Japon, c’est la nécessité pour l’Europe d’abandonner toute visée politique sur les pays encore indépendans de l’Extrême-Orient et de ne plus y exercer qu’une action purement économique. Elle ne prétendait guère à autre chose jadis ; en lui dévoilant la faiblesse de l’Empire du Milieu, la guerre sino-japonaise l’avait fait dévier de cette ligne de conduite ; en lui révélant la puissance de l’Empire du Soleil-Levant, la guerre russo-japonaise l’y ramène. Lorsqu’elle s’en est écartée pour substituer, au principe traditionnel de la « porte ouverte, » la néfaste politique des sphères d’influence, elle n’a abouti qu’aux résultats les plus lamentables, à l’insurrection des Boxeurs d’abord, puis à la guerre actuelle. En y revenant, elle mettra un terme à ces périlleuses aventures, encore que la simple rénovation économique de la Chine, si elle promet aux Occidentaux de sérieux profits, leur réserve aussi des déboires et des surprises qui peuvent n’être pas toutes agréables. Mais il est trop tard pour prêcher une abstention complète ; ce serait vain et peut-être peu sage. Nous voudrions seulement examiner quelle est l’œuvre économique accomplie jusqu’ici par les Occidentaux en Chine, quelle tâche ils ont devant eux ; de quels moyens ils disposent pour la remplir, quels résultats ils en peuvent attendre ; en un mot, quelles perspectives s’ouvrent devant eux.