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voulait que cette ville intolérante abritât la première manifestation publique du catholicisme allemand.

La commission chargée de déclarer les « droits fondamentaux » déposa le 3 juillet un premier projet, qui proclamait la liberté de conscience et supprimait, pour toutes les sociétés religieuses nouvelles, l’obligation de se faire reconnaître par l’Etat. Les adhérens de Ronge avaient plus de raison que les catholiques, de se réjouir d’un tel libellé ; leur indépendance à l’endroit de l’État était formellement reconnue ; l’indépendance de la confession catholique, celle de la confession protestante, étaient passées sous silence.

Le rapporteur, pour expliquer cette omission, alléguait trois motifs : d’abord l’effroi de remuer à nouveau les questions confessionnelles ; puis la peur que l’Etat, si l’on déclarait l’Eglise absolument libre, ne fût contraint de prendre des mesures préventives contre les empiétemens de cette affranchie ; enfin la nécessité d’envisager les conditions spéciales de l’Église évangélique, qui, de par sa constitution, s’était développée dans une sorte de fusion avec les souverainetés laïques. En définitive, c’était par crainte du catholicisme et par égard pour le protestantisme que la commission francfortoise s’abstenait d’affirmer l’autonomie des Eglises. En ce qui regardait les questions scolaires, elle avait été sollicitée de proclamer, en principe, la séparation de l’école et de l’établissement religieux ; elle s’y refusait, en considération de certains pays d’Allemagne où ces deux institutions formaient un bon ménage, qu’il serait inopportun de faire divorcer.

C’était, en résumé, et quoi qu’elle en eût, une commission conservatrice, ennemie des thèses bruyantes qui pourraient entraîner des bouleversemens superflus ; elle excellait à mettre un voile sur les idées litigieuses et à passer à côté d’elles, en les saluant, mais en se gardant de les découvrir. Le parlement renfermait un certain nombre d’indiscrets, de toutes nuances et de toutes origines, qui chiffonnèrent cet élégant travail, et les catholiques n’y furent pas les moins empressés.


Tout Allemand est libre dans la pratique générale privée et publique de sa religion, proposait la Commission. Le délit et l’infraction commis dans l’exercice de cette liberté sont punissables par la loi.


Les députés catholiques, surtout Auguste Reichensperger,