Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 26.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’hypermicroscope. Il est permis d’attendre de l’usage de la nouvelle méthode d’investigation des éclaircissemens précieux.


II

La bactériologie et la pathologie, à leur tour, ont été amenées à la considération des corpuscules ultra-microscopiques. Les bactériologistes ont dû admettre l’existence de microbes invisibles comme agens pathogènes d’un certain nombre d’affections épidémiques et contagieuses. Il y a toute une série de maladies qu’on est obligé d’attribuer, suivant la conception pasteurienne, à des parasites vivans, à des micro-organismes capables de pulluler et de répandre ainsi les contagions. Et cependant tous les efforts que l’on a faits pour les voir sont restés infructueux jusqu’au jour où la méthode hypermicroscopique est entrée en scène.

Parmi ces maladies microbiennes à microbe inconnu on peut citer ; la clavelée des moutons, le molluscum des oiseaux, l’affection myxomateuse des lapins ; une maladie végétale, la « mosaïque » du tabac ; la maladie des chevaux de l’Afrique du Sud, « horse sickness, » la fièvre aphteuse des vaches et la péripneumonie des bovidés. Ces deux dernières sont les mieux étudiées et les plus connues : pour elles, la preuve est faite qu’elles sont dues à un microbe que son extrême ténuité soustrait à la visibilité microscopique. Enfin on soupçonne — mais on ne fait encore que soupçonner — certaines maladies humaines d’avoir pour agens spécifiques des micro-organismes hypermicroscopiques. De ce nombre seraient la variole et la rage. L’hypothèse, en ce qui concerne la rage, n’est pas nouvelle : elle date de 1881 et elle a pour auteur Pasteur lui-même. L’illustre savant ne pouvant parvenir à mettre en évidence le microbe rabique, ne craignit pas de le déclarer invisible.

Toutes ces affections qui se propagent, qui se développent et se comportent à tous égards comme les affections microbiennes véritables ne laissent cependant pas apercevoir le micro-organisme qui les engendre. On ne connaît point leur microbe : tout au moins on ne le connaît point de vue, car à tous les autres égards on est renseigné sur son compte. On ne trouve aucun parasite dans le sang des sujets atteints ; on n’en trouve pas dans les sérosités, on n’en trouve pas dans les organes. On ne voit se développer aucune forme microbienne dans les bouillons de culture qu’on ensemence avec les tissus malades. Le bouillon reste limpide dans sa masse. On le croirait