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GEORGE SAND ET SA FILLE
D’APRÈS
LEUR CORRESPONDANCE INÉDITE[1]

II
DU MARIAGE DE SOLANGE A LA MORT DE JEANNE CLÉSINGER
(1847-1855)

« Sois béni aussi pauvre ange arraché de mon sein et ravi par la mort à ma tendresse sans bornes ! »
Hist. de ma vie, IV, 487.


V

A la fin de cette Histoire de ma vie qui, si elle ne brille pas toujours par l’exactitude documentaire, n’en demeure pas moins un livre beaucoup plus vrai qu’on ne l’a cru, George Sand a tracé ces lignes : « Ma vie, deux fois ébranlée profondément, en 1847 et en 1855, s’est pourtant défendue de l’attrait de la tombe ; et mon cœur, deux fois brisé, cent fois navré, s’est défendu de l’horreur du doute. Attribuerai-je ces victoires de la foi à ma propre raison, à ma propre volonté ? Non. Il n’y a eu moi rien de fort que le besoin d’aimer. Mais j’ai reçu du secours, et je ne l’ai pas méconnu, je ne l’ai pas repoussé[2]. »

Ces lignes sont datées du 14 juin 1855.

À ce moment, George Sand revenait d’Italie. Elle était allée demander à Rome, à Tivoli, à Frascati, la lumineuse bienfaisance de l’art et du ciel, pour combattre les mortelles ténèbres qui l’envahissaient au lendemain du drame de famille qui s’était dénoué

  1. Voyez la Revue du 15 février.
  2. Histoire de ma vie, IV, 485-486.