Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 18.djvu/866

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA RELIGION IMPÉRIALISTE

II[1]
LES CAPACITES RELIGIEUSES DES TROIS RACES OCCIDENTALES

En exposant les vues ethniques de M. Chamberlain, nous avons dit qu’à ses yeux l’expression palpable de la race, sa marque visible en chacun des individus qui la composent, c’est la mentalité, le « pli de la pensée, » qui s’exprime surtout par la « conception du monde[2], » c’est-à-dire par la philosophie et la religion. Un peuple ou un homme doit être jugé et classé, estimé ou méprisé, appuyé ou combattu suivant la valeur de sa conception du monde ; car c’est là ce qui, en lui, est essentiel, indélébile, inflexible, imprescriptible. Et, par une action réciproque, la conception du monde façonne à son tour les individus et les peuples qui l’ont engendrée, en sorte qu’il est pour eux d’une importance suprême de veiller avec un soin jaloux sur cet héritage des ancêtres, de le transmettre intact aux descendans, de ne le développer du moins que dans le sens de ses qualités intimes et de ses caractères essentiels, de le garder surtout des contacts impurs et des promiscuités dégradantes. Gobineau faisait du langage, en ses heures de mysticisme et de « réalisme » oriental, une âme de la race, un être vivant dans un milieu spécial

  1. Voyez la Revue du 1er décembre.
  2. M. Chamberlain déclare préférer infiniment le terme purement germanique de « Weltanschauung, » conception du monde, à la vague expression grecque de philosophie, héritage d’un temps où la « sagesse » semblait résumer la catégorie de l’idéal pour des peuples enfans.