Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 18.djvu/689

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
AU
SPITZBERG ET À LA BANQUISE

PREMIERE PARTIE

Après avoir vu les îles bénies auxquelles sourit le glorieux soleil des tropiques, Ceylan, Java, Madagascar, Maurice, les Canaries, les Antilles, j’ai voulu voir les îles solitaires et mystérieuses qu’enveloppe la banquise des mers glaciales, les îles du Spitzberg. Après les paysages des contrées enchantées où s’épanouissent les forêts équatoriales, j’ai voulu goûter l’âpre rudesse des scènes polaires. Lorsqu’on a beaucoup voyagé, on ne se contente plus des aspects de la nature qui nous sont familiers : on recherche les oppositions des climats extrêmes, on veut les violens contrastes, on demande des choses non vécues. Le poète Pope l’a dit, le piment auquel la vie doit toute sa saveur, c’est la variété.


Variety’s the very spice of life
That gives it all its flavour.


Le Spitzberg, situé à environ cent lieues marines de l’extrémité septentrionale de l’Europe, doit son nom aux montagnes pointues (Spitz-Bergen) qui frappèrent Barents, le navigateur hollandais, qui îles aperçut le premier en 1596. L’archipel se compose de trois îles principales dont la plus grande, le Spitzberg occidental, a une superficie comparable à celle de la Suisse. Le territoire total est deux fois plus grand que celui de la Belgique.