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LA QUESTION SIAMOISE
ET
L’AVENIR DE L’INDO-CHINE FRANÇAISE

La convention du 7 octobre 1902, entre la France et le Siam, a passé par d’étranges vicissitudes. Triomphalement annoncée par le ministère des Affaires étrangères, elle a été aussitôt en butte aux critiques véhémentes de la presque-unanimité des hommes les plus compétens[1] ; ceux-là mêmes qui l’ont acceptée, ne s’y sont résignés que comme à un pis aller, à un moyen de clore une longue série de fautes et de tirer le rideau sur toute une période de faiblesses et d’atermoiemens. Mais, plus encore que les attaques les mieux justifiées, les hésitations du ministre lui-même à soumettre son œuvre au Parlement, la prorogation indéfinie du délai de ratification et surtout la reprise des négociations sur de nouvelles bases, ont démontré l’imperfection d’une convention que d’ailleurs l’opinion unanime des Français d’Indo-Chine a condamnée, et dont une série d’incidens graves a déjà prouvé l’insuffisance et la caducité. Nous voudrions ici, en exposant très simplement les conditions physiques et historiques dans lesquelles se présente la question siamoise, en montrant

  1. On n’a pas oublié l’article publié, ici même, par M. Le Myre de Vilers (Revue du 1er novembre 1902). — Citons encore, parmi les nombreuses publications auxquelles a donné lieu le traité du 7 octobre : l’Affaire du Siam, par M. René Millet (dans la Revue politique et parlementaire de décembre 1902). — Le conflit franco-siamois et le traité du 3 octobre 1893, par un ancien ministre (Ibid., novembre 1902). — Les articles du Bulletin du Comité de l’Asie française et spécialement les lettres de M. Robert de Caix ; divers articles des Questions diplomatiques et coloniales ; les polémiques du Temps, etc.