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Vulliemin, les Secretan, Durand, M. et Mme Régnier, etc., la suite au prochain numéro ; ces demoiselles. Je vous embrasse, mes chers amis.

« SAINTE-BEUVE.

« Voulez-vous jeter à la poste ce mot de réponse à M. Mayor. J’ai parlé à Du Bochet de la digne Mme Murat. »


Ce 15 août 1838.

« Vos communications deviennent plus rares et plus lointaines, ce me semble, à mesure que vous vous retirez de la colline à vos vallées, et que de vos vallées vous montez à vos chalets. Il faut bien des jours à ces petites feuilles volantes pour vous atteindre ; cela décourage un peu. J’attendais avec bien de l’impatience et un commencement de murmure les vôtres, Madame et chère amie ; vous les faites plus courtes cette fois qu’à l’ordinaire, et vous en cherchez ensuite une raison. J’y coupe net, et vous dis seulement que, si j’ai eu peut-être mes lettres à moi courtes, assurément je désire les vôtres longues et bien longues. Depuis ma dernière, je cherche à rallier mes souvenirs, peu importans. Rien ici de bien neuf. J’imprime tout doucement Port-Royal. J’ai déjà deux épreuves. J’ai revu M. De Chateaubriand de retour de son voyage rapide dans le Midi ; le caractère de sa conversation est le bon sens ; mais quand il écrit, je ne sais quel diable s’en mêle, et il se lâche en lui une détente ; je lui ai, à lui-même, entendu dire cela. Il faut un peu le prendre comme il est, ainsi que les complimens d’Emile Deschamps, qui sont chez celui-ci une habitude très sincère, comme, l’autre jour à l’Académie, je prenais la pompe de M. de Salvandy distribuant les prix de vertu comme la plus sincère dans sa bouche. Voyez-vous, je suis assez janséniste et même calviniste, surtout en ce que je ne crois pas beaucoup à la liberté. On est (bien souvent) ce qu’on est. Voilà le fin mot d’un chacun.

« Je suis ces jours-ci tout irrité, et devinez pourquoi ? Je le suis à cause de la question suisse, de cette demande avec menaces au sujet de M. Louis Bonaparte ; on a ici débité de telles insultes à des noms que je connais et honore ! Hier en lisant les Débats sur M. Monnard, je n’ai pu me retenir et j’ai écrit une lettre, pour relever un peu le faquin qui l’insultait : la lettre a paru ce