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« Je tiens toujours au Chant de l’Épée. Je regrette que l’article sur le major Davel ne soit pas tout fait ; je n’engage à rien, mais je désire cet article pour la Revue. Je désire surtout qu’Olivier, en donnant tous les documens, les fasse valoir, les interprète ; ne se fie pas trop à l’intelligence de la majorité, pas plus en Cisjurane qu’en Transjurane ; en un mot, qu’il intervienne en son nom et fasse la chose, comme tous les vrais historiens.

« Cette lettre est trop courte et trop pressée de réparer, pour qu’il y entre autre chose que mes sentimens pour vous, des baisers aux enfans, des hommages à Mlle Sylvie, des amitiés à M. Lèbre ; je ferai en sorte que les livres, en retard comme tout le reste, partent cette semaine.

« Je compte, bien avant que vous ayez reçu celle-ci, en avoir une de vous qui me gronde, qui se plaigne, et qui en même temps me marque la fin de cette incertitude sur l’avenir dans laquelle et dans lequel je suis.

« Adieu, chers et bien-aimés amis ; c’est peu pour aujourd’hui, mais c’est tout comme toujours. »


Ce mercredi… 1838.

« Mes chers amis,

« Une lettre de moi qui a précédé votre seconde depuis l’affaire vous aura dit bien mal et bien à la hâte ma première impression. J’espère, je l’avoue, quelque chose de l’effet de cette pétition ; il me semble impossible que ceux mêmes qui ont fait une si méchante chose, et dont les noms m’étonnent, ne reculent pas, aussitôt leur coup porté : par malheur, ce ne sont pas les mêmes qui feront le second vote. Vous savez au reste ce résultat, et je n’ose calculer sur une chose déjà faite, sur un coup déjà porté[1].

« Quant au cours qu’on demande à Olivier d’accepter et de subir, je ne puis que vous donner un bien faible avis. Ce que

  1. Sainte-Beuve fait allusion ici aux difficultés que rencontrait Olivier de la part de l’Académie de Lausanne. Il y enseignait l’histoire depuis l’automne de 1833 à la satisfaction générale ; mais, en 1838, quand il s’agit de renouveler sa nomination, qui n’était que provisoire et de lui faire une position définitive, quelques-uns posèrent, en concurrence avec la sienne, la candidature de M. Vulliemin qui, plus âgé que lui, avait aussi des titres plus sérieux, ayant déjà traduit Hottinger, publié le Chroniqueur, édité Ruchat, et fondé naguère la Société d’Histoire de la Suisse romande. Olivier fut cependant renommé et occupa la chaire d’histoire jusqu’en 1845, date de la révolution du canton de Vaud qui bouleversa sa vie.