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encore que ces phénomènes puissent se produire spontanément, ou par d’autres moyens. A chaque instant le moi subliminal est capable d’entrer en rapport avec d’autres moi, vivans ou morts : si bien que tantôt une personne vivante peut transmettre sa pensée à une autre, éloignée d’elle par des milliers de lieues, et tantôt une personne qui meurt, ou qui vient de mourir, envoie à un ami survivant une claire et précise vision de sa mort. Et ce n’est pas tout : le moi subliminal peut aussi se laisser pénétrer par un autre moi, qui, prenant sa place, s’impose du même coup au moi supraliminal, et provoque ces phénomènes de possession qui se retrouvent aussi bien dans les avis du « démon » de Socrate, ou dans les « voix » entendues par Jeanne d’Arc, que dans tous les cas d’ « écriture automatique, » de « lévitation, » dans les manifestations diverses obtenues par l’entremise de ce qu’on appelle les « médiums. » D’une façon générale, le moi subliminal dispose de possibilités indéfinies pour communiquer avec tout ce qui vit. Et c’est déjà là, suivant Myers, une preuve de son indépendance à l’égard du corps, c’est déjà une présomption en faveur de l’hypothèse de son immortalité.

Mais d’autres faits, plus récemment reconnus par l’auteur, lui ont permis d’aller plus loin, jusqu’à transformer sa présomption en une certitude. La télépathie, les pressentimens, les apparitions, le pouvoir extraordinaire qu’ont certains médiums de « se dépersonnaliser » pour lire dans la pensée de ceux qui les entourent, tout cela, à la rigueur, pourrait encore s’expliquer sans rendre nécessaire l’hypothèse d’une communication directe avec les âmes des morts. Mais il a été donné à Myers d’étudier de très près deux médiums, l’Anglais Stainton Moses et l’Américaine Mme Piper, qui, incontestablement, ont eu des communications directes avec des âmes « désincarnées. » Stainton Moses, homme d’un caractère éminemment droit et pur, le plus incapable qui fût de toute supercherie, a entendu, par exemple, un soir, la voix d’une dame qu’il ne connaissait pas, et qui lui annonçait qu’elle venait de mourir. Bien plus, cette dame, pour lui prouver la réalité de son message, a tenu à écrire, par la main du médium, un billet qui, examiné ensuite par ses parens et par des experts, portait, à un très haut degré, les caractères distinctifs de son écriture. Tout cela produit et contrôlé dans des conditions que je ne puis songer à détailler ici, mais qui attestent de la façon la plus certaine et la bonne foi de Moses et la réalité positive des faits que j’ai dits. Quant à Mme Piper, que Myers a eu l’occasion de connaître intimement, de même qu’il a connu Stainton Moses, elle est, elle aussi, au