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concessionnaires ; » il est chargé de régler équitablement, sur place, toutes questions intéressant ces groupes, et sa nomination peut être considérée comme instituant au Congo un service indispensable, qui lui manquait encore, celui de la colonisation. Désigné quelques mois plus tard pour le poste de lieutenant-gouverneur à Brazzaville, nous souhaitons que ce commissaire continue à considérer que ses fonctions administratives sont d’ordre surtout économique.

De mieux en mieux le régime des concessions est assoupli par les intéressés aux conditions de l’exploitation rationnelle du pays : l’une des obligations les plus onéreuses du cahier des charges était la mise en service de chaloupes à vapeur et de chalands, sur lesquels le gouvernement gardait un droit assez mal défini de réquisition. Plusieurs sociétés, d’abord sur l’Oubangui, s’entendirent pour constituer une filiale, exclusivement occupée de la navigation et des transports. Bien que l’administration n’ait pas partout montré la même complaisance pour faciliter le recrutement des pagayeurs et matelots noirs, cette initiative a réussi, s’est généralisée : il existe aujourd’hui, sur le Congo et ses affluens, une flottille assez nombreuse, appartenant à une Société de Messageries fluviales, et dont le personnel indigène, régulièrement payé, devient de plus en plus stable. De même, on voit des concessionnaires procéder à des essais agricoles, partout où la main-d’œuvre ne leur manque pas, et c’est là une question grave, sur laquelle nous reviendrons. Enfin, signalons l’heureuse collaboration qui se dessine sous nos yeux entre négocians congolais et commerçans métropolitains. Bordeaux, par exemple, devient peu à peu le marché français du caoutchouc, et pourra étendre son action régulatrice jusqu’au Congo, en déterminant des types et fixant la clientèle.

En même temps, l’administration métropolitaine et locale a pris plus exactement conscience de ses devoirs. Le premier, puisqu’elle entend conserver par devers elle ses droits régaliens, est d’assurer la paix dans tout son domaine. Si des révoltes ont éclaté naguère, sur la Sanga et l’Ogooué, ce n’est pas que nos concessionnaires aient jamais usé de cruauté contre les noirs ; c’est parce que, la politique d’économies abusives ayant partout réduit le nombre de nos miliciens, les indigènes ont cédé à la tentation naturelle de se procurer par le vol des marchandises trop peu gardées ; les agens se sont défendus, le sang a coulé ; des