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sûrement je m’y emploierai avec le zèle le plus ardent. » Le congé fut accordé, et, puisque le citoyen Simond se rendait en Savoie, la Convention jugea bon de l’adjoindre aux trois commissaires élus déjà en l’investissant des mêmes pouvoirs qu’eux.

Si grande qu’ait été la part de Philibert Simond dans les malheurs de la Savoie, sous la Révolution, un récit qui n’est pas destiné à les raconter et ne peut que les rappeler ne saurait lui faire une place aussi largo que cette part, si sa destinée ne s’était trouvée liée un jour à celle des châtelaines des Marches. Mais, elles l’ont connu ; son influence, si peu que ce soit, s’est exercée sur elles. Mêlé à leur vie, il a contribué à leurs égaremens. Aussi, bien que son rôle dans leur histoire et surtout le peu qu’on en sait, doive le faire considérer comme un acteur de second plan, convient-il, sans attendre à plus tard, de profiter de l’occasion qui le met en scène pour reproduire ici sa physionomie telle qu’elle apparaît à travers les événemens qui le conduisirent à l’échafaud.

Né à Rumilly, en Savoie, en 1755 et destiné par sa famille à l’état ecclésiastique, il avait été ordonné prêtre en 1780. Nommé vicaire dans le diocèse d’Annecy, son évêque, au bout de quelques mois, dut le frapper d’interdiction pour cause d’inconduite. Un de ses oncles, curé de Gruffy, pris de pitié pour lui et croyant à son repentir, lui donna les moyens de se rendre à Paris, au séminaire de Saint-Sulpice, afin d’y suivre les cours de la Sorbonne. Riche de la pension que lui servait cet oncle débonnaire, il se garda d’aller habiter chez les Sulpiciens, se logea dans un hôtel et, laissant là ses devoirs sacerdotaux, se lia avec quelques partisans de la Révolution, qui le détournèrent à ce point de ses études de théologie que, lorsqu’un peu plus tard, volontairement ou expulsé, il quitta l’université, il n’avait obtenu aucun grade. Il revint alors en Savoie.

Après un court séjour à Rumilly chez un aumônier du couvent de la Visitation qui l’avait pris comme pensionnaire et ne voulut pas le garder, il vécut, en qualité de vicaire, dans la paroisse de Gruffy, auprès de son oncle qui espérait, par ses conseils et ses exemples, le ramener au bien. Il le paya de sa sollicitude en lui dérobant un jour une très grosse somme avec laquelle, assuré qu’il ne serait l’objet d’aucune plainte, il partit pour l’Alsace. Professeur dans une maison d’éducation de Strasbourg, il y eut pour élève, de 1789 à 1791, le prince de Metternich, alors adolescent. « C’est à Strasbourg que j’ai fait mes études,