Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 17.djvu/572

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

compromettre gravement les intérêts de l’Empire russe. Tout au contraire, bien avisés sont, au Japon, ceux qui déclarent que, grâce à sa situation privilégiée au centre même de ces mers de Chine, grâce à son outillage, à l’activité et à l’intelligence commerciale et industrielle de ses habitans, l’Empire du Soleil Levant se trouvera tout naturellement appelé à bénéficier, plus que n’importe quel autre Etat, pour l’écoulement de ses produits, même malgré l’élévation des droits de douane, de l’ouverture de ces débouchés que la civilisation occidentale est en train de faire naître dans cette partie du continent asiatique, comme, aussi, de la mise en exploitation des immenses territoires sibériens et mandchouriens qui vont se trouver rapprochés, en quelque sorte, jusqu’aux portes mêmes du Japon.


X

Au groupement de ces puissances devait rationnellement correspondre le groupement des intérêts qui pouvaient éventuellement se trouver menacés par la conclusion de cette alliance. L’accord, au sujet des questions orientales, des deux puissances amies et alliées, dont les intérêts sont, par des circonstances providentielles, intimement liés, tant en Occident qu’en Orient, comme aussi sur tous les autres points du globe, est venu rétablir l’équilibre. Et, à propos de cet accord, l’on n’a pas manqué de passer en revue les causes d’ordre divers de nature à pouvoir mettre en conflit ces deux groupes de puissances. La France peut envisager ces éventualités sans appréhension. Les sacrifices qu’elle s’impose dans l’organisation, en Indo-Chine, de ses forces militaires et de ses travaux de défense ; les liens d’intérêts et de sympathie qu’elle s’efforce de créer ou d’affermir entre ses administrateurs, ses soldats, ses colons et les indigènes ; le concours qu’elle pourrait attendre, le cas échéant, de ces derniers, lui sont des garanties sérieuses qu’elle serait en mesure d’assurer, avec l’appui de son alliée du Nord, la garde de son établissement indo-chinois contre toute agression venant du côté de la mer. Quant à cette dernière puissance, que, dans un jour très prochain, le Chemin de fer de l’Est-Chinois, grâce à la ténacité qui a été déployée, aux efforts prodigieux qui ont été accomplis dans la poursuite de cette vaste entreprise, mettra en communication directe, d’un côté avec le port de