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faire preuve, en toute circonstance, vis-à-vis des Célestes, de cette attitude de dignité, de tolérance, de respect des mœurs et des traditions, et de désintéressement, indispensable pour inspirer confiance à ce peuple et pour s’assurer ses sympathies, essentiellement utiles pour la réalisation des patriotiques desseins que nous devons tous poursuivre dans ces contrées.


IX

Après la France, ou plutôt concurremment avec elle, quelle puissance a de plus grands intérêts que la Russie au maintien de l’intégrité de la Chine, au prompt rétablissement de l’ordre sur toute l’étendue de son territoire, à l’entretien de bons rapports réciproques de voisinage et de commerce avec son gouvernement et avec ses habilans ? Serait-ce l’Angleterre ? On est en droit de déduire les projets de politique d’une nation, — comme les desseins d’un individu, — d’après leur ligne de conduite passée. Or, il n’est douteux pour personne et les encouragemens pour une action dans ce sens ne lui ont point été ménagés, que l’Angleterre rêvait depuis longtemps d’arriver à se créer dans la vallée du Yang-Tsé-Kiang, celle qui pénètre le plus profondément dans l’intérieur du continent chinois, et aussi la plus peuplée, la plus riche du Céleste-Empire, une sphère d’influence dont elle espérait, — grâce au prestige de la puissante