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la guerre, devrait être cédé aux États-Unis par l’Angleterre, « pour donner satisfaction au sens commun et à des convenances mutuelles. » Ce même secrétaire, John Quincey Adams, fit la première allusion à la doctrine qui allait devenir celle de Monroë. Dans un discours officiel sur l’expansion des Etats, il précisait que c’était « une absurdité matérielle, morale et politique, de supposer que, dans des jours à venir, l’Angleterre et l’Espagne pourraient conserver les possessions qu’elles avaient du côté cisatlantique. C’est à peine, ajoutait-il, si nous pouvons nous défendre contre la conviction que l’annexion de Cuba à notre République fédérale, est une nécessité pour assurer la continuation et l’intégrité de l’Union. » Il était désireux « qu’on familiarisât le monde avec l’idée que l’Amérique du Nord serait le cadre de la domination américaine. » Enfin, quand une discussion s’éleva avec la Russie, au sujet des territoires qu’elle avait dans le nord-ouest, Adams déclara qu’il contesterait les droits de la Russie à un établissement quelconque sur ce continent, et qu’il y avait urgence à formuler ce principe « que les continens américains ne pouvaient plus être considérés par l’Europe comme des terres libres pour de nouveaux établissemens coloniaux. »

Quelques mois plus tard, en décembre 1823, le Président Monroë dit dans son message au Congrès : « L’occasion a paru bonne d’affirmer comme un principe dans lequel sont enveloppés les droits et les intérêts des Etats-Unis, que les continens américains, en vertu des conditions libres et indépendantes qu’ils ont su conquérir et maintenir, ne peuvent pas être plus longtemps considérés, par aucune des puissances européennes, comme les cadres d’une colonisation future. » Les applications de cette doctrine sont aujourd’hui vivantes. Continuant l’expansion de son domaine par des moyens tantôt pacifiques, tantôt violens, l’Amérique s’est ajouté après la guerre du Mexique en 1846 une partie de la province de Mexico ; en 1867, tout l’Alaska, qu’elle a acheté à la Russie ; en 1898, Cuba, Porto Rico, et les Philippines[1].

  1. A l’époque de l’insurrection contre l’Angleterre, des efforts réitérés ont été tentés pour déterminer le Canada, la Nouvelle-Ecosse, les Bermudes elles-mêmes à se joindre aux colonies révoltées. Les propriétaires d’esclaves essayèrent d’acquérir à prix d’argent Cuba et Porto Rico. Le Président Polk essaya d’acheter Cuba à l’Espagne.
    Des ouvertures faites dans la même intention en 1867, pour enlever Saint-Thomas et Saint-John, au Danemark ont été renouvelées récemment ; en 1869, ce fut Saint-Domingue que l’on visa.