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politique tolérante et libérale de l’Oman, qui avait remplacé l’esprit étroit de l’ancienne administration persane, un grand nombre de commerçans étrangers, partis non seulement de Bahréin, de l’Hasa, de Bassora, mais des contrées plus lointaines de l’Hindoustan et du Béloutchistan, étaient venus s’y fixer. Bender Abbas était devenu un entrepôt commercial considérable. Lindje, déclaré port libre et exempté de toute exaction douanière vit son importance s’accroître à un point tel que l’étendue qu’elle avait sous l’administration persane quadrupla. Du côté de la terre arrivaient dans ces ports les marchandises de Schiraz et d’Ispahan, d’Hérat, du Khorassan et de la Tartarie ; du côté de la mer les articles du Caire, de Zanzibar et de Bombay ; on rencontrait dans les rues des matelots de tous pays. Palgrave, qui visita la contrée en 1863, fut frappé de la quantité de bâtimens de toutes sortes : schooners, cutters, boutres, vaisseaux marchands, bateaux de pêche, qui remplissaient ces ports. Malgré l’éloignement de ces villes séparées du reste de l’Oman par la nappe d’eau du golfe Persique et isolées en pleine terre persane, les sultans de Mascate n’avaient pas élevé de fortifications ni placé de garnison pour y maintenir leur autorité ; contre les entreprises de la Perse l’attachement des habitans et la marine de l’Oman suffisaient. « Mes meilleures fortifications contre les ennemis sont les murailles de bois, » disait Seyd-Saïd, faisant allusion à ses vaisseaux. Mais après la scission de l’empire d’Oman et surtout après la vente de la flotte par Thoweyni, cet État ne put plus conserver ses précieuses acquisitions de la côte iranienne. La Perse reprit avec Lindje et Bender-Abbas toutes les villes de la rive orientale du golfe, depuis la frontière maritime du Béloutchistan jusqu’au cap Bostonnah, Les îles situées dans le golfe furent également enlevées à la faiblesse de l’Oman. Seules, de toutes ses anciennes possessions sur la rive orientale, les villes de Djask et de Guador restèrent au sultan de Mascate.

Bentrée en possession de la côte qui était tombée au pouvoir de l’Oman, la Perse eut également le bonheur de reprendre cette autre partie de son littoral, du cap Bostonnah au cap Nabend qu’avaient conquise les Wahabites du Nedjed, et de la sorte fut remis sous sa domination tout le littoral depuis la frontière du Béloutchistan jusqu’à l’embouchure du Chatt-el-Arab. Ce littoral est resté depuis persan. Mais si l’Angleterre n’a pas su ou voulu se