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d’huile suspecte, et, au bout d’une minute d’agitation, si le mélange ne noircit pas, la sophistication est certaine.

Un traitement assez complexe, terminé par un essai au nitrate d’argent, permet de reconnaître quelques centièmes d’huile de coton dans l’huile d’olive. Notre fraudeur, ne voyant plus aucune ressource dans les huiles exotiques pour adultérer sa prétendue huile d’olive, s’adresse, en désespoir de cause, aux huiles européennes. Mais l’huile d’œillette, qui se présente la première à l’esprit parce qu’elle est neutre de goût, se concrète difficilement par le froid et pas du tout sous l’influence des vapeurs nitreuses, au rebours de l’huile d’olive, sans parler d’une troisième réaction par l’iode. Quant à l’huile de noix, elle se solidifie encore plus malaisément, et, additionnée d’une proportion convenable d’acide sulfurique, elle dégage plus de chaleur que le suc d’olives authentique. Pour l’huile de faîne, elle se reconnaîtrait immédiatement, car, avec un peu de vulgaire blanc d’œuf desséché et quelques gouttes d’acide nitrique, elle se colore en vermillon, ce que ne fait aucune autre huile connue.

Quelquefois, le fraudeur d’huile industrielle, — de palmiste par exemple, — la sophistique habilement avec deux autres huiles temporairement bon marché, arachide et coprah, par exemple, de façon à obtenir un mélange réagissant comme l’huile de palmiste vraie. Mais la science n’est pas désarmée pour cela, car le pouvoir dissolvant de l’alcool absolu n’est pas le même pour l’huile pure que pour l’huile adultérée.

Il va sans dire qu’afin de trancher les cas douteux, le laboratoire dispose d’une collection d’huiles authentiques de diverses natures et provenances, qui permet d’opérer par comparaison sans que les réactions chimiques observées laissent dans l’esprit du praticien la moindre incertitude. Sur les 200 000 analyses auxquelles le laboratoire a procédé depuis dix ans, 160 000 ou les quatre cinquièmes concernaient les matières grasses ; plus d’une de ces expertises s’est poursuivie contradictoirement avec le laboratoire municipal de Paris, et bien d’autres ont tranché d’importans litiges.

Nous avons déjà mentionné le rôle des tourteaux dans l’alimentation du bétail. Cet usage se pratiquait depuis fort longtemps dans le Nord de la France, où l’on distribuait aux animaux producteurs de viande et surtout de lait ce résidu de la fabrication de l’huile de lin, lorsque, l’huilerie marseillaise, commençant à se