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très vite à l’air, sert de base aux peintures, et l’huile de coton a l’honneur de remplacer le beurre, repoussé, comme produit d’origine animale, de la cuisine des végétariens intransigeans d’Amérique. Nous parlerons brièvement de la palme un peu plus longuement du coprah. Quant au ricin, il suffit de le mentionner ici.

Sous le nom vulgaire de « cacaouët » ou de « noisette d’Espagne, » la graine d’arachide se mange très bien crue ou mieux encore légèrement torréfiée. Inversement, parmi les graines exotiques auxquelles on s’adresse pour en extraire de l’huile, il en est de vénéneuses ou du moins très dangereuses. Ainsi, au mois de juin 1902, un accident typique se produisit à Marseille. Des gamins ramassèrent sur les quais de la Joliette des graines tombées de quelques sacs mal fermés, se les distribuèrent entre eux et les croquèrent de confiance, croyant avoir affaire soit à des pignons communs, soit à des arachides. Quelques heures après, nos gourmands se tordaient dans d’affreuses coliques accompagnées de vomissemens ; le lendemain soir, tout le monde était hors de danger, sinon remis. On reconnut les malfaisantes graines comme appartenant au Iatropha curcas, vulgairement « grand pignon d’Inde, » qui constitue un drastique violent, pouvant même produire la mort s’il est ingéré à haute dose ; les termes synonymes de « purgère » et de « ricin d’Amérique » ne sont pas moins significatifs. Les pauvres enfans auraient payé de leur vie leur imprudence, s’ils avaient consommé des fruits non du grand, mais du petit pignon d’Inde. Ce dernier n’est autre, en effet, que le Croton tiglium, dont l’huile est connue comme un vésicant énergique. En dehors de leurs usages pharmaceutiques, ces huiles suspectes ou dangereuses jouent un rôle, secondaire, il est vrai, dans la savonnerie marseillaise. Ainsi s’explique, dans les cargaisons des navires et dans les docks, la présence de graines malsaines. Du reste, le Croton est généralement non exporté, mais traité sur place en vue de la préparation de son huile.


II

A en croire Pline, le pasteur Aristée, immortalisé par Virgile, aurait appris le premier aux Achéens l’art d’écraser les olives pour en retirer de l’huile. D’autre part, un passage de la Genèse nous montre le patriarche Jacob comme portant déjà sur