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de vigueur et d’indomptable énergie. Il en était de même soit lorsqu’ils marchaient à l’ennemi en ordre dispersé, mode de combat où les ressources de leur instinct guerrier trouvaient à se donner un libre cours, soit lorsqu’ils s’élançaient à l’assaut des positions chinoises, en formations serrées, l’arme haute, sans souci des ravages causés dans leurs rangs par le feu de l’ennemi.

En résumé, avec leurs corps d’officiers et de sous-officiers, d’une sollicitude toute paternelle pour leurs hommes et possédant une grande expérience de la vie de campagne, avec leurs vaillans soldats, d’une mâle rudesse, supportant avec une égale endurance la rigueur des climats sibériens et l’ardeur du soleil des tropiques, très disciplinés, d’une obéissance aveugle, d’un dévouement absolu à leurs chefs, poussant l’esprit de sacrifice jusqu’au plus haut point et ayant une foi inébranlable dans le succès, les troupes russes constituaient, assurément, sans en être la plus nombreuse, la force la plus compacte et la plus redoutable de l’armée internationale du Pé-tchi-li.

Dans ces conditions, animés de tels sentimens, officiers et soldats russes et français ne devaient cesser d’échanger entre eux, pendant toute la durée de la campagne, les témoignages de la plus étroite solidarité. La veille des combats — comme au bivouac de la nuit du 4 août, devant Peitzang, — ou bien à la suite de faits d’armes accomplis de concert par les deux contingens alliés, ou encore le soir de cette inoubliable journée du défilé de tous les contingens de l’armée internationale à travers le Palais Impérial, c’était une série ininterrompue de chaleureuses manifestations des sentimens de patriotisme et de fraternelle amitié dont les uns et les autres étaient mutuellement animés.

Et quel décor plus pittoresque et plus merveilleux, pour célébrer ces heureux événemens, et pour ces épanchemens enthousiastes, que, par exemple, ces lieux où campèrent, le 16 août au soir, les troupes qui venaient d’effectuer la délivrance de ces trois mille prêtres, frères, sœurs de charité, marins et Chinois catholiques qui composaient la mission du Pétang ! Un parc aux arbres centenaires dont l’ombre s’étend comme sur un tapis d’herbes, aux espèces choisies, avec un soin minutieux, parmi celles réputées par les poètes pour leurs douces senteurs, parc bordé de vastes portiques, de temples de proportions