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proprement dit est aride ; la chaîne de montagnes qui le borde présente bien de riches et fertiles vallées ; mais, au-delà, le territoire va se perdre dans une région sablonneuse, inculte, coupée d’oasis, vastes plaines de sables mobiles où le hardi Bédouin lui-même ose à peine s’aventurer. Aussi loin que le regard peut atteindre à l’horizon, pas une colline, pas une éminence, pas même un changement de nuance dans ces plaines sans fin, ne rompent l’uniformité de cette scène de désolation. L’Oman est un désert semé d’oasis dont la grande importance réside surtout dans ce fait qu’il domine et commande la route maritime de l’Inde par le golfe Persique et le golfe d’Aden.


III. — ÉTABLISSEMENT DE L’INFLUENCE ANGLAISE A KOWEÏT ET AUX ILES BAHRÉÏN

Au nord de l’Oman et jusque vers Koweït et l’embouchure du Chatt-el-Arab, s’étend, sur la côte occidentale d’Arabie, le pays de l’Hasa ; c’est la seule portion de cette côte où n’ait pu s’implanter l’influence anglaise ; mais ici la situation locale n’a pas permis à la diplomatie britannique d’employer les méthodes de pénétration pacifique qui lui ont si bien réussi dans l’Oman. L’Hasa a été conquis, au commencement du XIXe siècle, par les Wahabites, tout comme l’Hedjaz et l’Oman ; mais, moins heureux que les habitans de ces contrées, qui réussirent à se débarrasser des envahisseurs, les gens de l’Hasa continuèrent à subir le joug au cours du dernier siècle. Les Wahabites firent peser un régime d’oppression et de terreur sur ce pays, imposant à tous ses habitans les rigoureuses prescriptions de leur secte, proscrivant les soieries, le tabac, les liqueurs, déclarant la guerre au commerce, à l’agriculture, à l’industrie, enrôlant de force les notables pour leurs guerres lointaines et interdisant à tout chrétien dont ils avaient le nom en horreur l’accès de l’Hasa. El-Katif, la capitale du pays, devint leur arsenal maritime et se transforma en un nid de corsaires et de bandits qui portaient leurs déprédations sur les deux rives du golfe, bravant à la fois les forces de l’Oman, de Bahréïn, de la Perse et de la Turquie. La situation géographique de leur pays d’origine, non moins que leur fanatisme, permettait aux Wahabites toutes les audaces. Cantonnés dans un réduit inaccessible au centre de l’Arabie, dans le pâté montagneux du Nedjed qu’entoure et que défend une ceinture