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district d’El-Hasa, en face des îles Bahréïn, et, sur la côte méridionale jusqu’à Djofar, en face des îles Kourya-Mourya ; c’était déjà l’un des plus puissans États de l’Asie méridionale. Son fils et son successeur était un prince détestant la politique d’aventures et s’occupant de préférence à faire fleurir le commerce dans ses États. Le gouvernement britannique n’en réussit pas moins à l’entraîner à sa remorque et obtint de lui, en vertu d’un accord datant de 1800, l’autorisation d’installer un résident anglais à Mascate. Ces mesures de défense préventive prises d’accord avec le cheikh de Koweït et le sultan de l’Oman furent complétées par l’envoi, en 1803, en plein territoire turc, à Bassora, d’un agent anglais chargé de surveiller la vallée de l’Euphrate et de nouer avec les tribus arabes de la Mésopotamie des relations ayant pour but de contrecarrer les desseins de Napoléon.


II. — ÉTABLISSEMENT DE L’INFLUENCE ANGLAISE A MASCATE

Après la fin des guerres napoléoniennes, l’Angleterre respira, mais la position qu’elle avait prise dans le golfe Persique ne fut pas abandonnée, et les relations nouées avec les États et les chefs de la côte occidentale d’Arabie continuèrent. En 1820, un résident anglais fut installé à Koweït. Il est vrai que cet agent, ayant eu à subir toutes sortes de tracasseries de la part des Arabes, dut quitter la place et ne fut pas alors remplacé. Mais l’échec momentané de sa politique à Koweït fut largement compensé par le développement que prit son influence à Mascate. A Seyd-Sultan, mort en 1806, avait succédé sur le trône d’Oman Seyd-Saïd. Au cours d’un règne de cinquante ans, l’influence de l’Angleterre régna sans partage à la cour de ce prince. L’Etat d’Oman retira, d’ailleurs, de ces bonnes relations de précieux avantages. Il leur dut d’abord de reconquérir son indépendance, qu’une guerre malheureuse avec les Wahabites lui avait fait perdre. Ces derniers, qui s’étaient donné pour mission, à la fin du XVIIIe siècle, de rénover l’Islam, à leurs yeux corrompu et dégénéré, dominaient alors l’Arabie. Entraînés par leur fanatique ardeur, ils avaient pris la Mecque et Médine en 1803, attaqué l’Egypte, pris Damas et conquis la partie de la côte occidentale d’Arabie qu’on nomme le pays d’EI-Hasa et qui s’étend, au midi de l’embouchure de l’Euphrate, jusqu’au littoral en face des îles Bahréïn. L’Oman n’avait pas échappé à leurs coups, et