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qu’à certaines conditions. Si ces conditions n’étaient pas remplies, la responsabilité des mécomptes que nous pourrions éprouver passerait, ne nous le dissimulons pas, par-dessus le corps constructeur pour atteindre celui qui, détenant le commandement, — en théorie du moins, — n’aurait pas su imposer ses justes exigences et obtenir, au prix de la réduction de vitesses initiales inutilement excessives, des pièces plus légères, des projectiles plus lourds et d’une capacité plus grande, des affûts plus maniables, des engins de chargement et de pointage à la fois plus pratiques et plus rapides.

Nos canons possèdent, au demeurant, toute la justesse que l’on peut attendre de trajectoires très tendues ; leur solidité inspire au personnel une parfaite confiance. La situation prête donc suffisamment, de ce côté, à l’entretien de la force morale.

En est-il de même du côté de l’instruction technique et de l’éducation militaire du personnel immédiatement appelé à desservir nos engins de combat maritime ?

La question serait grave en tout temps. On conviendra sans doute qu’elle doit l’être plus encore dans la période de crise morale que nous traversons et où nos institutions militaires semblent particulièrement menacées. Regardons-y d’un peu près, par conséquent.


IV

De l’instruction purement technique, peu de chose à dire, en somme. A tous les échelons de la hiérarchie, les progrès y sont continus, comme il est naturel, le niveau intellectuel s’élevant dans tout le pays. Peut-être la formation d’officiers dont le rôle devient de plus en plus scientifique, et, si l’on peut dire, « industriel, » exigerait-elle un assujettissement plus prolongé aux études théoriques et aux applications pratiques du début de la carrière, à l’âge où les facultés d’adaptation n’ont encore subi aucun déchet. De grands embarras, de fâcheux malentendus eussent été évités, si l’on avait senti plus tôt l’intérêt de donner à l’officier de marine toute la compétence nécessaire pour apprécier exactement la portée des accidens qui peuvent se produire dans le fonctionnement de l’appareil moteur de son instrument de combat. Peut-être aussi le mode de distribution de l’instruction technique dans le corps des équipages de la flotte prête-t-il