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l’armement défensif, — sacrifices qui ne se présentent point, du reste, d’une manière apparente. — ne mettraient nos unités de combat nouvelles en état d’infériorité que si, méconnaissant le caractère même de leur type, elles acceptaient le combat rapproché.

Mais ceci touche à la tactique. Là, notre supériorité résultera, d’une part, de l’application d’une méthode de combat, l’enveloppement, dont nul ne conteste la valeur plus d’une fois prouvée par l’événement, et, d’autre part, de l’exacte adaptation de nos types de navire à la mise en jeu de cette méthode. C’est une loi souvent oubliée que celle de la spécialisation de l’engin de combat en vue de l’application de la tactique adoptée. En tout cas, des exercices d’ensemble où se trouveront aux prises les anciens et les nouveaux types, les unités lentes et les unités rapides, auront le double avantage de mettre en lumière pour le personnel dirigeant toutes les ressources qu’offre la vitesse, toutes les situations favorables que peut utiliser la grosse artillerie à tir rapide, et de confirmer dans l’esprit des subalternes, par de vraies « leçons de choses, » la haute opinion qu’on aura dû s’appliquer à y faire naître sur la valeur de notre force navale.

Remarquons ici une fois encore, et pour ne pas perdre de vue le sujet primitif de notre étude, qu’il n’y aura plus aucun intérêt à ce que, dans ces exercices, on exige de nos unités nouvelles des mouvemens, — évolutions classiques, — dont la complication et le danger tenaient évidemment à la faible étendue de faire sur laquelle on jugeait utile de garder assemblés et de faire mouvoir les élémens constitutifs d’une force navale. Le peu que nous avons dit tout à l’heure de la physionomie d’un engagement où la méthode de l’enveloppement serait appliquée suffit sans doute à montrer qu’il ne peut plus y être question de manœuvres à rangs serrés et que les distances normales devront être singulièrement élargies. Félicitons-nous-en, s’il est vrai que les bâtimens que nous préconisons ne sauraient guère avoir moins de 160 mètres de longueur ni plus de 22 mètres de largeur, et que leurs facultés évolutives seront probablement restreintes.

La supériorité de nos armes, — disons de notre artillerie, car cette arme seule importe dans le cas qui nous occupe, — est déjà généralement admise, affirmée qu’elle est d’ailleurs par les intéressés toutes les fois qu’il convient. Nous avons fait voir que cette opinion flatteuse ne nous paraîtrait complètement justifiée