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de tout droit fiscal. Cette décharge, d’ailleurs, — afin d’écarter toute occasion de fraude, — ne serait acquise qu’au sucre dénaturé. La question a été soigneusement étudiée en Allemagne. La Société d’agriculture de Berlin a réclamé une bonification fiscale pour les sucres dénaturés. Elle en a recommandé l’emploi en montrant qu’à égalité de valeur nutritive, le sucre, déchargé d’impôts, serait moins coûteux que l’orge ou le maïs. Ses vœux ont reçu satisfaction. Le gouvernement prussien a autorisé l’usage pour le bétail de la poudre de sucre mélangée de quelques centièmes de suie ou bien de farine de poisson, de poudre de viande ou de déchets de cosses en proportion convenable pour assurer la dénaturation. M. L. Grandeau, dont les excellens ouvrages nous ont fourni beaucoup de renseignemens, a apprécié lui-même les conséquences économiques de la substitution du sucre aux divers fourrages dans la ration du cheval de trait. Il affirme qu’à l’exception des drèches de maïs, le régime du sucre dénaturé serait moins coûteux que la plupart des autres ! On peut croire, avec lui, qu’outre sa valeur physiologique, cette substitution, en créant un débouché considérable pour l’industrie betteravière, constituerait un grand service rendu à l’agriculture.

La question sucrière touche à mille intérêts. Notre objet n’est pas de l’examiner sous tant d’aspects divers. Il est dans notre rôle de l’envisager à un point de vue plus particulièrement physiologique. — Il importe aussi de signaler un certain nombre d’observations, d’un caractère plus strictement empirique, relatives à l’effet bienfaisant du régime sucré sur la production, l’entretien et la rénovation de l’énergie musculaire, chez l’homme et chez les animaux domestiques. Si ces études offrent moins d’importance au point de vue purement scientifique, elles rachètent cette infériorité par leur grand intérêt et leurs applications pratiques.


II

Le progrès de nos connaissances sur la physiologie du sucre ou, plus exactement, des sucres, — car le sucre ordinaire est le type d’une nombreuse série de corps analogues, — a suivi les progrès de nos connaissances chimiques sur le même objet. Nulle part l’intime dépendance et le lien étroit de ces deux sciences ne