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couverte de perles, de diamans, de rubis. A ses pieds nus, quand elle marchait, sonnaient des anneaux précieux. Des esclaves craintifs agitaient autour d’elle de blancs éventails de plumes, pendant que, dans des cassolettes d’or, brûlaient, avec une fumée odorante, des pastilles d’encens. Elle était toute-puissante et belle, amoureuse et sauvage, peut-être cruelle. Parfois, au coucher du soleil, elle montait solitaire sur la terrasse de son palais ; fatiguée de la chaleur du jour, rêveuse et lascive, elle s’étendait demi-nue sous le ciel étoile, pour que les rayons de lune vinssent caresser son corps, mêlés aux parfums du soir et à l’air plus frais de la nuit.

Ainsi, tout en marchant, des contes me reviennent qui ont bercé mon enfance. Je me croirais volontiers dans un pays enchanté. J’espère que ce silence n’est qu’un grand sommeil, que le réveil va sonner pour ce peuple mort, et qu’au coin d’une ruine, sur un lit de feuillage, j’apercevrai, vivante encore, la Belle au Bois Dormant.


JAVA

30 juillet. — Le port de Batavia est situé à environ vingt minutes de chemin de fer de la ville. Il a nom Tanjock-Priok. Exposé aux émanations marécageuses de la côte très basse qui l’entoure et où pousse un inextricable fouillis de palétuviers et de palmiers d’eau, il passe pour malsain. La chaleur y est accablante, lourde et humide, même en cette saison qui est cependant l’hiver du pays.

Batavia, que tant de voyageurs ont dépeinte comme la cité la plus enchanteresse de tout l’Extrême-Orient, m’a causé une désillusion. C’est une grande ville sillonnée de chemins de fer, de tramways et de canaux. Les maisons basses et sans caractère y sont entourées de jardins verdoyans, mais plantés sans goût. Cela donne l’impression moins d’une capitale que d’une station balnéaire où il y aurait une multitude de villas pour les petites bourses. Tout amour-propre national mis à part, Batavia est, au point de vue extérieur, très inférieur à Saïgon.

En une heure un quart d’express, on se rend de Batavia à Buitenzorg. La voie s’élève peu à peu en zigzaguant à travers un pays superbement cultivé, au milieu d’une végétation dont la vigueur et la puissance dépassent tout ce que j’ai vu dans