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UN AN DE CROISIÊRE
EN EXTRÊME ORIENT

II
DE HONG-KONG A NIKKO[1]


HONG-KONG

Que Hong-Kong soit sous les tropiques, — c’est un fait géographique que je ne saurais nier. Mais ce que je peux certifier aussi, c’est qu’il y fait franchement froid quand souffle la mousson du Nord-Est avec le brouillard pénétrant qu’elle apporte et les gros nuages noirs qu’elle chasse contre les montagnes de la côte. Venant de Manille où il y avait 38° à l’ombre, nous trouvons la transition un peu brusque. Nous nous couvrons, pour débarquer, de vêtemens de laine, de gros paletots et de plaids, comme pour une expédition au Pôle Nord.

La ville est bâtie en amphithéâtre sur les flancs abrupts d’une montagne. C’est le triomphe du génie anglais d’avoir fait une grande cité, riche, luxueuse, pimpante, de ce rocher jadis désert. Le port, immense et très sûr, est le plus beau de l’Extrême-Orient. C’est le grand entrepôt de cette partie du monde, le point de croisement et de jonction de toutes les lignes maritimes, le lieu de relâche obligatoire pour quiconque a besoin de réparations, d’approvisionnemens, de fret ou d’argent. La ville, où Chinois et Européens sont mêlés, respire le culte et l’habitude

  1. Voyez la Revue du 15 juin.