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secondaire non avoué publiquement, politique, religieux ou antireligieux, dépendant de telle ou telle conception sociale. Parfois même les troupes inconscientes suivront les chefs sans se douter de l’arrière-pensée qui existera chez ces derniers au sujet de l’usage qu’ils comptent faire de l’influence et de l’autorité résultant de leurs fonctions. Hâtons-nous de dire que jusqu’à présent la grande majorité des sociétés semble bien se confiner dans les questions techniques de mutualité. C’est plutôt sur leur recrutement et leur composition qu’il y a lieu de faire quelques remarques.

Ouvrons l’Annuaire officiel. Que voyons-nous au chapitre des sociétés approuvées ? D’abord, il est vrai, un grand nombre d’associations à caractère professionnel, particulièrement dans les villes et créées dans les corps de métiers : bouchers, menuisiers, charpentiers, ébénistes, imprimeurs, graveurs, peintres, tailleurs, etc. Ce sont aussi les plus anciennes, car nous avons vu qu’elles continuent fréquemment la tradition des vieilles confréries, issues elles-mêmes des corporations. Encore est-il malaisé d’en supputer le chiffre, sous la quantité de noms de saints qui leur servent de désignation et qui sont plus ou moins les patrons religieux de la corporation, tels que saint Crépin pour les cordonniers, saint Laurent pour les bouchers, saint Joseph pour les charpentiers, saint Vincent pour les vignerons, etc.

Parmi les sociétés à caractère professionnel, relevons encore celles plus récentes des employés de magasins, hommes et femmes, des ouvriers et employés d’usines, des voyageurs de commerce, des ouvriers et employés des compagnies de chemins de fer, des employés d’octroi, des compagnies d’assurances, etc. Quelques-unes n’ont en vue que la retraite, mais n’en sont pas moins des mutualités, presque toujours florissantes en raison de l’union et de la communauté d’intérêts existant entre leurs membres. Les carrières libérales, enfin, parmi les sociétés professionnelles, donnent un contingent notable : associations de médecins, de pharmaciens, de peintres, de musiciens, d’artistes lyriques ou dramatiques, etc. Notons en passant, pour y revenir plus tard, que les mutualités à caractère professionnel semblent d’ores et déjà avoir le plus bel avenir. Ne convient-il pas d’ailleurs d’y comprendre les sociétés de secours mutuels fondées dans les campagnes et qui se composent presque exclusivement d’agriculteurs ? Or, c’est surtout là, maintenant, que le