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marchaient en arrière des bataillons japonais se plaignirent, en effet, amèrement, dans leurs rapports, après la campagne, que ceux-ci eussent pris leurs dispositions pour mener, seuls, toute la besogne : quant aux Allemands, aucune troupe de cette puissance n’a été engagée dans cette journée, sur l’une ou l’autre rive du Peï-Ho.

Nous avons pensé qu’autant dans un esprit d’équité que pour ne point laisser s’accréditer dans notre armée, principalement dans l’armée coloniale, appelée à se trouver parfois en rapports, en Asie ou en Afrique, avec des détachemens de Sikhs et des autres troupes indigènes de l’Inde, des jugemens par trop erronés sur la valeur militaire de ces contingens, il convenait de réduire les faits incriminés à leur juste proportion ; et cette tâche ne pouvait mieux incomber, en France, qu’à l’un de ceux qui ont eu l’occasion d’observer ces troupes indiennes de près, et aussi l’honneur de conduire quelques-unes de leurs unités au combat. Qu’on ne s’y trompe point : ces troupes peuvent hautement supporter la comparaison avec les troupes indigènes de toutes les autres puissances. La cause de leur infériorité relative, au Pé-tchi-li, est qu’elles y étaient entièrement dépaysées, comme climat, comme mode de vivre et comme mode de combattre : l’ennemi contre lequel elles furent tout d’abord engagées, à Tien-Tsin, se trouvait, au point de vue du nombre, de l’instruction militaire, de l’armement, dans de tout autres conditions que les bandes que ces corps indigènes sont, d’ordinaire, destinées à combattre, et en particulier les tribus guerrières et courageuses, mais mal commandées et mal armées, des frontières de l’Afghanistan ou de la Birmanie[1]

Aussi estimons-nous que ces troupes de l’Inde sont très susceptibles, contrairement aux opinions qui ont été exprimées à leur sujet, d’être fort utilement employées, même dans des circonstances analogues à celles où elles figurèrent, au début, en Chine, c’est-à-dire dans les conditions les plus défavorables, — comme troupes auxiliaires des troupes métropolitaines : et elles

  1. Rappelons que les Sikhs ont pris une part très honorable aux opérations du corps expéditionnaire franco-anglais contre la Chine, en 1860, et ont fait bonne contenance, en 1882 et en 1885, en Égypte, aux côtés des troupes métropolitaines anglaises ; qu’enfin ce sont des troupes indiennes qui, par suite, il est vrai, de circonstances exceptionnellement favorables, eurent la gloire de pénétrer, les premières, sur le terrain des Légations de Pékin, le 14 août 1900, jour de la délivrance de ces Légations.