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Cependant, à Marseille, l’insurrection est réprimée. Lyon est repris. Le siège de Toulon est poussé énergiquement. Les représentai du peuple interviennent dans les opérations militaires, non seulement pour les activer, mais pour les diriger ; pour mettre en relief un jeune officier d’artillerie dont ils font probablement adopter le plan d’attaque par la pointe de l’Eguilette. Voici l’appréciation du général du Teil, commandant, l’artillerie du siège, sur cet officier, dans son rapport au ministre de la Guerre : « Je manque d’expression pour dépeindre le mérite de Buonaparte ; beaucoup de science, autant d’intelligence et trop de bravoure, voilà une faible expression des mérites de ce brave officier. C’est à toi, Ministre, à les consacrer à la gloire de la République. »

A l’armée des Alpes, après l’arrestation de Kellermann, on voit se succéder, en quatre mois, quatre commandans en chef : Doppet, Carteaux, Pellapra, enfin Alexandre Dumas, — le père et l’aïeul de nos deux grands écrivains, — qui entre en fonctions le 21 janvier 1794. Sur les ordres réitérés du Comité de salut public, le général Alexandre Dumas essaie une première fois d’enlever le Mont-Cenis et le Petit Saint-Bernard. La neige le fait échouer. Il recommence à la fin d’avril, et réussit. De ce côté, la grande crête des Alpes est à nous.

A l’armée d’Italie, Dumerbion, qui succède à Brunet, voit ses troupes diminuées de 3 000 hommes, qu’on envoie devant Toulon. Les Autrichiens reprennent l’offensive. Nos soldats, conduits par Dugommier et Masséna, font des prodiges de résistance aux fatigues et de vaillance.

Après la prise de Toulon, les représentans du peuple font nommer Bonaparte général de brigade, commandant l’artillerie de l’armée d’Italie ; et bientôt, sous leur impulsion, on renonce à attaquer uniquement de front la position de l’Aution-Saorge ; on essaie de la tourner par un fort détachement s’enfonçant en Italie par le littoral, pour se rabattre ensuite sur les derrières des Autrichiens. L’opération est confiée à Masséna ; elle réussit. La grande crête des Alpes nous appartient alors du Mont-Blanc à la mer. En même temps, Robespierre le jeune et Ricord font étudier, probablement par Bonaparte, et soumettent au Comité de salut public des plans d’opérations pour la coopération des armées d’Italie et des Alpes. Sur ce théâtre d’opérations, comme sur le Rhin, comme à toutes les armées, les représentans du