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de Moltke fait ressortir, à l’occasion de cette préparation, un travail d’état-major bien intéressant à étudier.

Nous n’en retiendrons, pour ne pas sortir du cadre de notre étude, que l’excellente mesure prise pour assurer la concentration de l’armée du prince de Saxe. Cette concentration ne pouvait être entreprise « que sur des renseignemens qu’a dû recevoir S. A. R. le prince de Saxe et dont on ne saurait attendre ici l’arrivée. (Instruction du 25 août 1870)[1]. » Dans la nuit même, un lieutenant-colonel du grand état-major fut envoyé au quartier général du prince de Saxe, pour exposer la manière de voir et les projets du grand état-major, et pour aider à prendre une décision fondée à la fois sur ces projets, et sur les renseignemens qu’il devait trouver en arrivant, et qui étaient encore inconnus du grand état-major.

La conversion des deux armées et la marche vers le nord s’exécutent. Le 29 août au soir, on s’attend, au grand quartier général allemand, à une bataille générale pour le lendemain contre l’armée de Mac-Mahon. De là l’ordre suivant[2], daté de Grand-pré, à onze heures du soir :

« Toutes les nouvelles reçues aujourd’hui s’accordent à montrer que l’ennemi se trouvera demain matin avec ses forces principales entre Beaumont et le Chesne, et éventuellement au sud de cette ligne.

« Sa Majesté prescrit de l’attaquer.

« La subdivision d’armée de Son Altesse Royale le Prince royal de Saxe franchira à 10 heures la ligne Beauclair-Fossé, en se dirigeant sur Beaumont. Elle disposera des routes à l’est de la grand’route Busancy-Beaumont. La Garde, qui pour le moment passera en réserve, devra avoir évacué cette route pour 8 heures du matin.

« La IIIe armée rompra de bonne heure, et dirigera son aile droite sur Beaumont par Busancy. Elle se tiendra prête à appuyer avec deux corps l’offensive de Son Altesse Royale le Prince royal de Saxe, tandis que les autres corps se dirigeront d’abord plutôt vers le Chesne.

« Sa Majesté partira d’ici pour Busancy à 10 heures du matin. »

Le corps français du général de Failly est seul atteint à la

  1. Correspondance militaire du maréchal de Moltke, 1er vol., p. 318.
  2. Ibid., Ier vol., p. 333.