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que les instructions du grand quartier général ne sont pas complètement suivies : que les avant-gardes ne sont pas poussées en avant pour observer si l’ennemi se retire ou veut prononcer une attaque ; que les corps de la Ire armée ne se tiennent pas prêts à intervenir pour le cas où la IIe armée serait attaquée ; que le général de Steinmetz est à Varize trop loin de ses troupes.

Brandenstein met au courant de la situation le général de Manteuffel, commandant le Ier corps d’armée ; celui-ci ne croit pas pouvoir attaquer : ce serait désobéir aux ordres de son chef ; mais il se rend à ses avant-postes et fait prendre les armes à tout son corps d’armée.

Brandenstein court à Varize ; il trouve le général de Steinmetz intraitable. Il se porte vers le VIIe corps, et entend des coups de canon. C’est le général von der Goltz, commandant l’avant-garde du VIIe corps, qui, voyant de toutes parts les troupes françaises se replier vers la Moselle, vient de prendre l’initiative de les attaquer. Brandenstein le rencontre et apprend sa résolution d’attaquer ; il court aussitôt donner l’alarme aux deux divisions du VIIe corps qui ne tardent pas à intervenir. Le général von Zastrow, commandant le VIIe corps, prend le commandement de ce côté.

En même temps, Brandenstein envoie un officier prévenir le commandant du Ier corps, Manteuffel, qui répond aussitôt : « Je me porte en avant avec tout mon corps d’armée. » Le IXe corps de l’armée du prince Frédéric-Charles fait aussi preuve d’une grande initiative.

Au contraire, le VIIIe corps, qui forme la réserve de la Ire armée, ne bouge pas ; son chef résiste aux demandes des deux autres corps d’armée. Plus tard, à 9 heures du soir, il arrête même une de ses brigades, mise en mouvement sur les ordres directs du général de Steinmetz, en trouvant que c’était fatiguer inutilement ses troupes.

Steinmetz s’était en effet décidé à monter à cheval à 7 heures du soir, et en même temps faisait porter rapidement l’ordre de rompre le combat. Il rencontre le général de Manteuffel à 8 heures trois quarts, à Noisseville, et lui reproche amèrement sa désobéissance. Il le rend responsable des pertes énormes subies par ses troupes, et, finalement, lui donne l’ordre formel de se replier sur ses emplacemens de la matinée.

L’officier qu’il a envoyé vers le VIIe corps pour faire rompre