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Je pense que je trouverai ici les lettres de Saint-Arnaud ; les extraits que vous m’avez envoyés sont curieux. Toujours pas de projets fixes ! toujours une préoccupation dominante et presque exclusive : la Crimée ! Nos amis continuent à y être moissonnés par dizaines. Ici, tout le monde est triste…

H. O.


Paris, 15 juillet 1855.

Je vous écris, mon cher Prince, sous l’invocation de ce saint qui vous a donné son nom, qui a aussi nommé ma femme, qui préside, pour la quinzième fois, à l’anniversaire de mon mariage ; je l’aime donc à plus d’un titre, ce saint Henri, et vous êtes accoutumé à prendre votre part des hommages et des vœux que je lui adresse du fond du cœur, chaque année. Recevez-les encore aujourd’hui. Mon dévouement à votre personne et à votre cause ne pouvait s’accroître ; je sens que mon affection pour vous a encore augmenté, cette année, par la nouvelle expérience que je viens de faire des progrès de votre esprit et de votre raison. Tout le monde en parle, ici, et je n’en suis pas seulement fier, quoique je n’y sois plus pour rien ; j’aime en vous ce goût d’études, de recherches, de perfectionnement en tout genre, de sociabilité intelligente, qui vous distingue parmi les grands de ce monde, où la vraie grandeur est si peu comprise et si peu pratiquée ; laissez-moi vous dire aussi que je me suis senti plus d’une fois ému, et d’une émotion trop douce pour ne pas être entretenue avec soin, par les témoignages que vous m’avez donnés avec plus d’assiduité que jamais, de votre bon vouloir et de votre amitié. Plaise donc à Dieu vous rendre, en bénédictions, les vœux que je lui adresse pour vous par l’entremise de votre saint, car, si mon esprit est tant soit peu philosophe et impénitent, mon cœur ne l’est pas !…


CUVILLIER-FLEURY.