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LETTRES AU DUC D’AUMALE

I
1837-1841

« Toutes ses lettres sont là, — disait M. le Duc d’Aumale en parlant de M. Cuvillier-Fleury[1], — depuis celles qu’il écrivait à l’enfant en vacances, ensuite au soldat en campagne, jusqu’aux longues épîtres qui venaient chercher le proscrit sur la terre d’exil… » Un certain nombre de ces lettres avaient été copiées chez M. Cuvillier-Fleury ; c’est parmi ces copies que la piété filiale nous a permis de faire un choix ; celles que nous publions honorent autant le maître qui les écrivait que le prince auquel elles étaient adressées.


Beauregard, ce dimanche 27 août 1837.

Mon bien cher Prince,

J’ai reçu hier votre lettre du 25 et je vous en remercie ; Elle était aimable et affectueuse et pleine de détails qui m’ont vivement intéressé. Je suis bien heureux d’apprendre que vous vous amusez : vous l’avez bien gagné[2], et je désire que M. de Latour

  1. Notice sur M. Cuvillier-Fleury, Journal des Débats, 20 décembre 1888.
  2. M. le Duc d’Aumale était alors dans sa quinzième année. Élève du Collège Henri IV, il venait de remporter le premier prix d’histoire au Concours général.
    Ce prix est rappelé dans une lettre qu’en 1855 M. Duruy écrivait à M. Cuvillier-Fleury en lui envoyant son Histoire des Grecs :
    3 décembre 1855.
    Monsieur,
    Voici un ouvrage qui n’est guère dans le goût du jour, grâce au discrédit dans lequel sont tombés ces pauvres Grecs qu’autrefois nous aimions tant. Mais mon métier, qui me fait vivre dans le passé, m’empêche d’aimer beaucoup les choses nouvelles. Permettez-moi de vous l’offrir, comme un souvenir du temps où j’eus l’honneur de vous connaître et où j’enseignais ces choses à des élèves qui me sont restés bien chers.
    En relisant les épreuves du règne de Philippe de Macédoine, je me suis souvenu que Mgr le Duc d’Aumale avait eu, sur cette question, un succès au Concours général, où certaines parties de sa composition avaient été fort remarquées. Son Altesse Royale me permettra-t-elle de lui offrir ce livre, qui lui rappellera sa première victoire de collège ?
    Veuillez, Monsieur, à l’occasion, transmettre au Prince l’expression de mon respectueux attachement, et agréer pour vous-même J’assurance de mes sentimens de haute considération.
    V. DURUY.