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communes continuaient à dépenser leurs ressources, sans mesure et sans contrôle.

La logique impose au gouvernement général une vaste enquête, s’étendant à toutes les unités administratives du pays, enquête dont les termes peuvent être ainsi posés : Quelles sont les recettes dont doivent profiter les communes et les dépenses qui doivent leur incomber ? Convient-il que la colonie s’approprie certaines de ses recettes, ou, au contraire, qu’elle impose, avec ou sans compensations, aux départemens et aux communes des dépenses figurant aujourd’hui à son propre budget ? C’est là une œuvre complexe et délicate, qui forme la base essentielle de toute réforme ; si on la négligeait, une réorganisation nouvelle viendrait simplement s’ajouter à toutes les précédentes, et n’aurait guère plus d’efficacité. Nous sommes convaincu, pour notre part, qu’une semblable entreprise menée avec vigueur et promptitude, procurerait, sans charges nouvelles pour les contribuables, des ressources précieuses à la continuation et à l’achèvement des voies de communication si insuffisantes encore dans la colonie, et à son développement général. Si le gouvernement nouveau, comme ceux qui l’ont précédé, se contentait des apparences de réformes qui satisfont à peu de frais les administrations, nous nous permettrions de lui indiquer une matière où, sans la moindre difficulté, il pourra se tailler aux yeux du public de vains et faciles succès : nous voulons parler de la politique indigène dans le Sud et des rapports avec les pays voisins ; bien que fréquemment exploitée, cette mine contient encore de nombreux filons susceptibles de fournir d’agréable copie à la presse.

Le traité du 18 mars 1845 n’a fixé que d’une manière très incomplète notre frontière du côté du Maroc. Depuis les environs de l’embouchure dans la Méditerranée de l’oued Molouya jusqu’à l’oasis de Figuig, l’instrument diplomatique se contente d’énumérer les tribus françaises et les tribus marocaines, les ksours marocains et les ksours français, ce qui, à raison des déplacerons fréquens de ces tribus et de l’incertitude qui régnait sur l’étendue de leurs territoires, pouvait donner lieu à des interprétations contradictoires. A partir de Figuig dans la direction du Sud, la frontière n’est plus indiquée, car le pays n’ayant point d’eau « la délimitation en serait superflue. »

Depuis cette époque jusqu’à nos jours, toutes les fois qu’une certaine agitation s’est produite dans le Sud oranais, elle a pris