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A côté de cette organisation si imparfaite, il est une réforme beaucoup plus modeste que rend nécessaire l’administration journalière de nos provinces du Sud, et dont les quelques chefs militaires qui ont laissé un nom dans l’histoire algérienne ont reconnu l’utilité, bien que la plupart d’entre eux n’en aient jamais parlé qu’à voix basse ; c’est la réorganisation des territoires soumis à l’administration militaire. Aujourd’hui, à chaque département civil correspond un territoire militaire placé sous les ordres du général commandant la division qui est responsable de son administration vis-à-vis du gouverneur, tandis qu’au point de vue militaire, il dépend du commandant du 19e corps d’armée. Cette organisation surannée n’a plus de raison d’être depuis la création de voies de communications rapides, et elle présente de graves inconvéniens. Il existe en effet dans l’administration des trois territoires militaires, de nombreuses divergences ; jusqu’en ces derniers temps, chaque division a suivi sa politique séparée, différente parfois de celle de la division voisine. Si ce défaut d’unité ne se manifestait que légèrement entre les instructions émanées d’officiers généraux dont les vues étaient sensiblement analogues, il apparaissait de plus en plus grand à mesure qu’on descendait les degrés de la hiérarchie, jusqu’à révéler dans certains cas un véritable antagonisme, suivant le tempérament, la tournure d’esprit ou le caractère des subalternes chargés de les interpréter et d’en poursuivre l’exécution. Sans insister sur certains incidens non moins fâcheux que peu connus en France, il faut en venir à la conclusion qu’imposent d’ailleurs les récens événemens survenus au Touat et à Igli.

Afin d’éviter ces fluctuations, pourquoi ne pas concentrer entre les mains d’un général de division résidant à Alger, toute l’administration des territoires de commandement et la politique à suivre dans le Sud à l’égard des tribus qui avoisinent cette sorte de marche militaire ? Sous ses ordres directs seraient placés des généraux de brigade dans le Sud de chaque province et les troupes stationnées dans l’étendue de son commandement. Les trois divisionnaires d’Alger, de Constantine et d’Oran n’auraient plus d’autres attributions que leurs collègues de France, et le gouverneur général pourrait ainsi imprimer une impulsion vigoureuse et uniforme aux affaires administratives, politiques et militaires du Sud : car il faut bien reconnaître que, si plusieurs des titulaires de la plus haute situation de la colonie ont