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DANTE ET LA MUSIQUE

Le sujet a deux aspects, ou deux faces. Il faut premièrement le prendre par le dehors : chercher quand et comment la musique s’est en quelque sorte appliquée soit aux personnages, soit aux paroles dantesques. Nous tâcherons ensuite, — et c’est le dedans ou le cœur d’une telle étude, — de saisir ce qu’il y a de musical ou de musique dans l’œuvre de Dante, dans son génie et dans son âme même.


I

L’un des premiers compositeurs connus, peut-être le premier, qui s’inspira de la Divine Comédie, se nommait Vincenzo Galilei. Père de l’illustre astronome, auteur d’un « Discours sur la musique ancienne et moderne, » qui fit grand bruit, il compte, avec les Péri, les Caccini et autres, parmi les membres du cénacle ou de la « camerata » florentine où naquit l’opéra. Galilei avait choisi l’épisode d’Ugolin. Il le chanta lui-même, accompagné par un petit orchestre de violes. On dit que sa voix était belle et que son visage ressemblait à sa voix. Son œuvre est perdue, et Verdi, peu d’années avant de mourir, la fit rechercher en vain. C’est dommage : elle avait, paraît-il, quelque rudesse et sentait un peu trop l’antiquité. Mais elle serait pour nous un exemple, et non des moindres sans doute, de la monodie récitative et du style alors nouveau[1].

  1. Voir, pour plus de détails sur l’œuvre de Galilée, l’ouvrage remarquable et que nous avons cité souvent, de M. Romain Rolland : les Origines du drame lyrique moderne. Histoire de l’opéra en Europe avant Lully et Scarlatti.