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LA
SECONDE ABDICATION

I
LE RETOUR DE L’EMPEREUR A PARIS


I

En France, on attendait avec anxiété des nouvelles de l’armée. L’opinion générale était que l’Empereur gagnerait les premières batailles. On croyait, on pariait qu’il serait à Bruxelles avant le 30 juin. Malgré ses succès en Espagne, on ne craignait guère Wellington. On disait qu’à Talavera, aux Arapiles, à Vittoria, il n’avait combattu que les maréchaux et qu’il verrait la différence quand il se mesurerait avec Napoléon. Néanmoins l’inquiétude était grande. Après ces premières victoires n’en faudrait-il pas remporter d’autres et d’autres encore ? La France pouvait-elle résister à l’Europe entière ! Les optimistes pensaient, il est vrai, que la défaite de l’armée anglaise, dont personne ne doutait, déconcerterait les coalisés au point de les engager à faire des ouvertures de paix. Au début de cette guerre, la paix était le vœu unanime. En 1815, on aimait la paix avec passion, mais on n’accusait pas Napoléon d’avoir à reprendre les armes. Le bon sens public comprenait que, si l’Empereur était la cause ou le prétexte de la guerre, il n’en était point le promoteur. Cette guerre redoutée et exécrée, c’était l’Europe qui l’avait voulue,