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LA NAVIGATION AÉRIENNE

CATASTROPHES ET PROGRÈS


I

Quoi que puisse dire Aristophane dans la plus admirable de ses comédies, jamais les oiseaux n’ont été jaloux des hommes. Ce sont, au contraire, les lourds bipèdes condamnés à se mouvoir à la surface du globe qui, toujours, ont été jaloux des hôtes emplumés du firmament. L’exclamation : Des ailes ! des ailes ! que le poète met dans la bouche d’un des deux fondateurs de la « Ville des nuages et des coucous » est bien l’expression de la plus sublime ambition de l’être que notre Lamartine a eu raison d’appeler « un dieu tombé qui se souvient des cieux. »

Le 13 octobre 1902, au moment où le baron Ottocar de Bradsky était trahi par les fils fragiles sur lesquels il comptait pour empêcher sa nacelle d’obéir à la force impitoyable qui se nomme la pesanteur, la Nouvelle Presse libre de Vienne publiait un article dû à la plume de l’intrépide et malheureux inventeur. Avant d’exposer des théories aéronautiques dont il n’est pas utile de discuter la valeur, et de décrire le dirigeable auquel il avait confié sa fortune, M. de Bradsky donnait les raisons qui, d’un gentilhomme n’étant ni savant, ni aéronaute, avaient fait le constructeur d’un aérostat automobile.