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AUGUSTIN COCHIN

SON ACTION SOCIALE ET RELIGIEUSE

Est-ce le moment de parler d’un homme dont il semble que les événemens aient pris à tâche de confondre les efforts et de démentir les espérances ? Qui, plus qu’Augustin Cochin, a eu foi pendant le dernier siècle aux conquêtes de la liberté ? Qui a cru, plus que lui, à l’apaisement des luttes de classes par le progrès social et économique ; au triomphe définitif des idées de tolérance, de justice et de bonté ? Qui a travaillé avec plus d’ardeur à faire cesser les malentendus dont souffrent l’Eglise catholique et la société contemporaine, à réaliser entre elles une solide alliance dans le respect mutuel de leurs droits ? A quel point la déception est profonde, il serait vain de le démontrer, quand on constate que la notion même de la liberté se perd au milieu de nous, et qu’elle est remplacée par d’incessans appels à la force. L’antagonisme aigu, le réveil d’un fanatisme brutal, la haine croissante, la guerre religieuse rallumée, l’amour du bien-être et de la fortune substitué à tout idéal, voilà ce qu’est devenu le rêve d’autrefois.

Et cependant, loin qu’il y ait une sorte d’ironie à choisir le moment où tant de nobles causes semblent près de succomber pour parler d’un de ceux qui les ont défendues avec le plus de vaillance, nous croyons, au contraire, plus opportun que jamais