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ne comprend pas autre chose que des volcans datant de l’époque géologique actuelle : Saint-Eustache, Saint-Christophe, Nevis, Montserrat, la partie ouest de la Guadeloupe (Basse-Terre), la Dominique, la Martinique, Saint-Vincent, les Grenadilles. Elles sont alignées sans interposition d’aucune autre formation qui ne serait pas volcanique. C’est là que se sont manifestées les éruptions récentes. — Autour de cette première zone, une autre, qui la renforça en arrière, comprend les Grandes Antilles, Cuba, Haïti, Porto-Rico, Saint-Barthélemy, ainsi que les régions occidentales de la Guadeloupe et de la Barbade, où n’existe aucun volcan, mais cependant de hautes montagnes. Enfin, tout à fait à l’extérieur, une dernière rangée circulaire de terres plates, nullement montagneuses, îles peu élevées : les Bahama, les Barbades, Anegada, rivages bas qui s’enfoncent lentement vers l’est dans les eaux atlantiques. Tout au contraire, dans la série intérieure, la paroi qui regarde vers le centre de la mer des Antilles y plonge brusquement : il y a là une chute rapide vers les grands fonds. Ceci revient à dire que la ceinture des Antilles avec ses trois zones rappelle singulièrement la structure de la chaîne de la Cordillère du côté opposé présentant sa pente douce vers l’orient et son versant abrupt vers le bassin qu’elle limite. Comme sur la Cordillère des Andes, les volcans sont alignés sur le versant abrupt qui correspond à une grande ligne de fracture. On en voit la raison. La déclivité brusque trahit une rupture de l’écorce : les fractures de l’écorce deviennent facilement des cheminées de volcans.

Nous venons de dire que le bassin des Antilles a la même structure que le bassin occidental de la Méditerranée. C’est essentiellement une formation de la même époque. Ils se sont constitués dans le même temps et par le même procédé, aux dépens de la Méditerranée primitive. La mer des Antilles s’en est séparée à l’époque tertiaire. Jusque-là cette vaste mer s’étendait sans interruption au sud d’un continent boréal qui fondait ensemble l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie. L’Atlantique septentrional n’existait pas à l’état de mer. C’était une terre ferme : peut-être l’Atlantide, la terre des Atlantes. Si cette légende d’un peuple conquérant, habitant au-delà des colonnes d’Hercule, qui nous a été conservée par Platon, a quelque fondement, on pourrait croire que c’est là qu’il faut en placer le séjour. Buffon, amené par l’identité des faunes mammalogiques à la conviction d’une jonction entre l’Europe et l’Amérique à l’aurore des temps actuels, a pu incliner à cette opinion. M. de Lapparent, qui l’a discutée avec infiniment de perspicacité, s’arrête à l’idée que la patrie de ce peuple riche