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des appellations, des noms qui s’appliquent à des collections de faits.

Ce terrain était donc éminemment favorable à la pullulation des hypothèses. Aussi y abondèrent-elles : théories de Buffon, d’H. Spencer, de Darwin, de E. Hæckel, de His, de Weissmann, de De Vries, de W. Roux. Chaque naturaliste de marque eut la sienne. On ne finirait point de les citer. Mais voici que, déjà, ce domaine de la spéculation théorique est entamé de divers côtés, par l’expérimentation. C’est un physiologiste par J. Loeb, qui a récemment orienté les recherches dans une direction où la zoologie pense trouver l’explication du rôle mystérieux de l’élément mâle dans la fécondation. D’autre part, la première expérience de division artificielle de la cellule vivante (mêrotomie), avec les conséquences qu’elle entraîne relativement au rôle du noyau dans la conservation de la forme vivante et dans sa régénération est également l’œuvre d’un physiologiste expérimentateur. Elle remonte à 1852. Elle est due à Augustus Waller et a été pratiquée sur la cellule nerveuse sensitive des ganglions spinaux et sur la cellule motrice des cornes antérieures de la moelle. Les effets en ont pu être correctement interprétés douze ou quinze ans plus tard. Les zoologistes n’ont fait que répéter, peut-être sans le savoir, cette expérience célèbre, et en confirmer le résultat.

On voit par ce qui précède que l’attaque du réduit vitaliste est commencée. Mais ce serait s’abuser beaucoup que de croire la cause finale ou la force vitale près d’être délogées. La spéculation philosophique a du champ devant elle. Sa frontière peut reculer. Il y aura toujours place pour un vitalisme plus ou moins modernisé.


II

Il y a place encore pour un vitalisme très atténué sur le terrain propre de la physiologie, alors même que cette science borne son ambition à considérer l’être organisé entièrement construit, achevé dans sa forme. L’explication du fonctionnement de cette machine constituée ne peut être complète si l’on ne tient compte du concert et de l’ajustement de ses parties.

Ces parties constituantes ce sont les cellules. On sait que le progrès des études anatomiques a abouti à la doctrine cellulaire.