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espagnole contient de très beaux morceaux, mais plus d’un artiste considérable nous manque, et nous avons à désirer une toile de Velasquez qui nous montrerait ce grand maître dans toute sa puissance et son originalité. Peu de tableaux anglais, pas un Reynolds, pas un portrait de Gainsborough, pas un Turner. J’ajouterai que les maîtres français paysagistes du XIXe siècle sont insuffisamment représentés, et qu’il serait indispensable d’y voir, en plus grand nombre et sous les aspects divers de leur talent, Corot, Rousseau, Millet, j’en passe et des meilleurs.

« Le Musée du Louvre possède 30 000 dessins, il peut à peine en montrer 3 000. Une très faible partie de ses richesses peut seule être mise dans les salles d’exposition, sous les yeux du public, faute de place et de crédits de matériel. Classés avec beaucoup de soin et réunis, il est vrai, dans les armoires d’un des cabinets de la conservation des peintures et dessins, ils sont toutefois communiqués, sur place, à toutes les personnes qui en font la demande.

« Lorsque les locaux du pavillon de Flore seront réunis au Musée, il sera possible de mieux installer cette unique collection. » ( Rapport de 1900, p. 172-173.)

Mais, pour réaliser tout ce que souhaite M. Dujardin-Beaumetz, il faut de l’argent, et, qui ne se rend compte que ce n’est pas avec les 30 000 francs qu’il demandait au Parlement qu’on parviendra à mettre de l’ordre dans ce désordre, ni surtout qu’on améliorera nos collections dans la mesure où il importe qu’elles soient complétées ?


VI

Nous avons établi l’état de la question du droit d’entrée dans les Musées nationaux en France. Il est le même pour les Musées départementaux et pour les Musées municipaux. Ce que ne font ni le Louvre, ni le Luxembourg, ni Versailles, ni Saint-Germain, on ne peut demander à la France provinciale de le faire. Comme les Musées nationaux, les Musées de Lille, de Lyon, de Bordeaux, de Montpellier, de Nantes, de Toulouse, etc., s’ouvrent sans restrictions au visiteur. Or, plus d’un de ces musées, et non des moindres, est dans le pire état de délabrement. Depuis quarante ans, il n’y a pas de catalogue au Musée de Toulouse, dont les collections, du moins pour les tableaux, sont exposées sans ordre ni méthode, et, ce qui est surprenant dans une ville qui se glorifie si justement d’être la première en France pour l’essor artistique, sans aucun discernement. Le Musée de Dijon,