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seulement par une grande halte de deux heures et par les combats livrés sur les bords du Potoraac. Le passage, opéré en fonçant entre deux détachemens ennemis (celui du Monocacy et celui de Poolesville), présente un mélange d’audace et d’adresse qui doit être retenu. Il ne faut pas croire que de telles opérations n’ont été rendues possibles que par l’insuffisance de la cavalerie adverse. Les armées du Nord, commandées par Mac-Clellan, Pope, Burnside, Hooker, étaient largement pourvues de cavalerie, et cette cavalerie, dès l’automne de 1862, était parfaitement digne de se mesurer avec les escadrons confédérés.

En mai 1863, le général nordiste Stoneman faisait en Virginie une opération analogue.

Le 2 mai au soir, avec deux brigades et deux batteries à cheval, il est au milieu des troupes ennemies à Thompson Fourcorners. « Là, réunissant ses principaux officiers (dit le Comte de Paris dans son Histoire de la guerre civile en Amérique), il leur explique son plan et compare son corps de cavalerie à un obus qui éclate au milieu de l’ennemi, lançant dans toutes les directions des fragmens dont chacun fait autant de ravages qu’un projectile entier. » Il divise ses 3 500 hommes en sept détachemens et assigne à chacun une tâche indépendante. Les colonels Kilpatrick et Davis traversent séparément toute la Virginie jusqu’à la mer et, dans ce hardi parcours, brûlent les gares, coupent les télégraphes, arrachent les rails, détruisent des ponts de chemins de fer, interceptent des trains. Kilpatrick pousse l’audace jusqu’à forcer les avant-postes qui entouraient Richmond. Il pénètre entre les redoutes et enlève quelques prisonniers en vue de la ville. Le 8 mai, Stoneman avait rallié tout son monde à Warenton.

Il faut aussi constater que la cavalerie n’est pas uniquement employée à cette guerre des chemins de fer. Dans les batailles, elle sait intervenir d’une manière parfois décisive, non par des charges, mais par ses carabines et son canon.

Le 18 octobre 1864, à 10 heures du matin, la bataille de Cedar Creek était considérée par les fédéraux comme définitivement perdue. Leurs troupes, désorganisées par une retraite de 15 kilomètres, ne tenaient plus nulle part. Le général Sheridan, avec toute la cavalerie disponible, avait été envoyé au loin dans la contrée du Blue Ridge. Il entend le canon, il accourt. Sa