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(l’enceinte du camp) était toujours entouré d’une ceinture extérieure formée d’abatis d’arbres épineux, ce qui, dans le pays et en arabe, se nomme zeriba et constitue une défense de premier ordre. » Et constamment, tout le long du voyage, la présence de gommiers est constatée, tantôt maigres, clairsemés, tantôt notamment dans le Sahara méridional, superbes ; le 17 décembre, en plein Tindesset et à l’altitude la plus élevée du voyage, on trouve « en somme la flore de l’Aurès, augmentée des gommiers. » On en rencontre sur le plateau et sur les pentes du Tassili ; il y en a de différentes espèces et jusque dans la région la plus inhospitalière du Sahara, celle qui s’étend du 23e degré et demi de latitude au 21e et demi[1]. Après le gommier, l’arbre principal du Sahara central est l’éthel, variété de tamaris : on voit, à diverses reprises, dans le récit de M. Foureau qu’il atteint une taille importante ; le 15 janvier 1899, son journal note, dans le Tassili, de forts troncs d’éthels secs que quelque crue a dû amener ; près du fameux puits de Tadjenout où Flatters trouva la mort, « une énorme touffe d’éthel, entièrement brûlée, dresse, grimaçante vers le ciel, ses troncs noircis par le feu, sur un lit de cendres. » De Tadent à In-Azaoua, il est fréquent dans le thalweg. Gommiers, éthels ou arbres d’autres natures servent de gourbis aux indigènes et ils y accrochent leurs boucliers et leurs lances ; « à peu de distance en amont du puits d’Ifounane (dans le Tindesset) se trouve une nezla de Touareg composée de six à sept gourbis sous les éthels[2]. » Dans le Sahara méridional, un autre arbre se présente en groupes nombreux et fréquens, c’est le palmier doum ou palmier d’Egypte, qui ne porte pas de fruits, mais dont le tronc ou les rameaux servent à des usages variés. Quand on arrive dans l’Aïr, d’autres espèces arborescentes, notamment des mimosas de toutes sortes, se joignent aux précédentes.

Ainsi le Sahara n’est pas dépourvu d’arbres, et l’on a vu plus haut que, dans les régions les plus ingrates, comme le Tassili, M. Foureau considère qu’il y a des plateaux boisés[3]. Aux approches de l’Aïr, c’est-à-dire aux deux tiers de la traversée du Sahara, les espèces arborescentes prennent un grand développement ; le 22 février 1899 : « La rivière ne tarde pas à fuir

  1. Mission saharienne, p. 21, 49, 63, 79, 98, 114, 124, 133, 144, 145, 147, 255, etc.
  2. Ibid., p. 53, 54, 55, 97, 111, 124, 133, 134.
  3. Ibid., p. 96.