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CORRESPONDANCE


Nous avons reçu de M. Joseph Reinach la lettre suivante :


Paris, 5 mai.

Monsieur le Directeur,

Parlant d’une conférence que j’ai faite, en effet, en 1884, à la loge Alsace-Lorraine, votre éminent collaborateur, M. Goyau, reproduit ce passage d’une revue maçonnique : « Le frère Reinach a jeté par-dessus bord les ralliés au parti gambettiste. »

Je lis, pour la première fois, cet extrait d’une feuille qui m’est inconnue ; il ne saurait m’être indifférent de le voir reproduit dans la Revue des Deux Mondes et commenté par M. Goyau.

Je suis sûr de n’avoir jamais prononcé la phrase imbécile qui m’est objectée. On ne parlait point de ralliés en 1884, et l’expression : parti gambettiste, n’était pas du vocabulaire des amis de Gambetta.

J’ai publié, précisément en 1884, mon histoire du Ministère Gambetta. Lisez-y, je vous prie, le chapitre intitulé : Les nominations, l’édit de Nantes des partis. Vous y trouverez mon opinion sur les hommes que Gambetta a appelés à de hautes fonctions, bien qu’ils ne fussent pas des républicains d’origine.

Je m’honore d’être resté, jusqu’à sa mort, l’ami du grand écrivain, du clairvoyant patriote qu’était J.-J. Weiss. Il me sera permis de rappeler que mes articles de la République française n’ont été étrangers ni au retour du général de Miribel à la tête de l’État-Major, ni au retour en France de cet autre soldat, M. le duc d’Aumale, que Gambetta se proposait d’envoyer à Moscou pour y représenter la République au sacre de l’empereur de Russie.

Ai-je besoin d’invoquer le droit de réponse pour vous prier de reproduire cette lettre ? Il me suffira de faire appel à votre loyauté et à votre courtoisie.

Recevez, monsieur le Directeur, l’assurance de mes sentimens très distingués,


JOSEPH REINACH.