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si vaillamment menée de l’autre côté des Vosges, n’a provoqué de notre part que des efforts isolés, non sans valeur, mais sans cohésion et sans suite. L’Assistance publique, après maintes enquêtes, maintes commissions et maints rapports, n’a abouti qu’à exclure les tuberculeux des asiles de convalescence de Vincennes et du Vésinet et à construire pour eux un hospice fort coûteux, et médiocrement réussi, celui d’Angicourt (Oise), dont les 140 lits ne fonctionnent que depuis trois mois.

Quant à l’initiative privée, elle a fondé pour la tuberculose de l’enfance plusieurs grandes œuvres, notamment celle d’Ormesson, celle des Hôpitaux marins, celle de Villepinte (réservée aux jeunes filles), d’autres encore. Mais elle n’a jamais envisagé le point vraiment essentiel : le traitement du tuberculeux adulte, dont la maladie est accidentelle et dont les lésions, encore peu avancées, peuvent guérir, s’il reçoit des soins convenables.

Cette indifférence a heureusement pris fin et depuis deux ou trois ans un mouvement sérieux commence à se manifester en faveur de la lutte méthodique contre la tuberculose par la création de sanatoriums populaires.

L’impulsion première est venue de Lyon : un médecin distingué de la région lyonnaise, le docteur Dumarest, instruit des résultats obtenus en Allemagne et en Suisse, a commencé presque seul une propagande qui n’a pas été stérile ; grâce au concours de deux philanthropes bien connus, MM. Sabrau et Mangini, une société a été formée, un emplacement choisi dans les montagnes du Bugey, et le sanatorium lyonnais de la Hauteville s’est élevé comme par enchantement. Ce magnifique établissement, qui résume tous les progrès de l’hygiène anti-tuberculeuse, vient d’ouvrir ses portes ; il est doublé d’un institut scientifique où va se poursuivre l’étude expérimentale et clinique du traitement de la tuberculose. Il servira de modèle aux créations prochaines et d’exemple à toutes les initiatives.

Celles-ci n’ont pas attendu le succès de l’œuvre lyonnaise ; pour se manifester : plusieurs villes importantes, Bordeaux, Orléans, Lille, Nancy, ont déjà leur sanatorium en construction et près de fonctionner. A Rouen, au Havre, au Mans, à Bourges, les choses sont moins avancées et on n’a pas encore dépassé la période d’organisation, mais déjà les comités sont formés et les listes de souscription se remplissent. A Versailles, la question a été portée sur le terrain électoral et la nouvelle municipalité