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confiné au lit, soumis par conséquent à ce repos si nécessaire qui lui a fait défaut depuis l’origine. En même temps on prescrit une médication appropriée aux symptômes et une alimentation dont le lait, les œufs et la viande crue forment la base, mais dont les boissons alcooliques sont presque complètement exclues.

Si avancée que soit l’évolution de la phtisie, un mieux ne tarde pas à se manifester : la fièvre et les sueurs s’atténuent, le sommeil et l’appétit reviennent, le poids du corps augmente. Au bout de peu de temps le malade est en état de se lever, il se sont moins faible, et l’espoir de la guérison recommence à luire à ses yeux. Mais les progrès sont lents, et bientôt la patience se lasse : à mesure que s’accentue sa demi-convalescence, il sent plus péniblement les inconvéniens de l’hôpital, où rien n’est préparé pour les malades de son espèce, où l’air est insuffisamment renouvelé, où les repas peu variés et sommairement apprêtés sont servis sur le coin de la table de nuit, déjà encombrée d’ustensiles divers. Un beau jour l’ennui le prend, et il exige sa sortie. C’est pour reprendre aussitôt et sa chambre étroite, et sa mauvaise hygiène, et son travail trop dur, et souvent aussi, hélas ! l’abus de l’alcool et du tabac : en un mot tout ce qui a causé sa chute. Le résultat ne se fait pas attendre : bientôt les symptômes graves reparaissent, les forces fléchissent de nouveau, une hémorragie, une phlébite ou toute autre complication se déclare. Le malade retourne à l’hôpital, mais le traitement qui, la première fois, avait paru réussir semble désormais sans action ; la fièvre est devenue continuelle, la toux incessante, l’expectoration intarissable ; la consomption fait de rapides progrès ; bientôt tout espoir d’arrêter le mal est évanoui, et il ne reste plus qu’à attendre le terme fatal qui, au bout de cette lente agonie, apparaît comme la délivrance.

Plus triste encore est le destin du malheureux phtisique qui, grâce à quelques économies ou à une assistance charitable, a pu rester dans sa maison jusqu’à la fin ; autour de lui, d’innocentes victimes sont vouées à une contagion presque fatale. Comment en effet éviter la d’illusion des germes dans une chambre ouvrière où le malade arrivé au dernier degré de l’épuisement tousse et crache jour et nuit ? Un hygiéniste distingué, dont le dévouement à l’humanité égale la science, a essuyé depuis plusieurs années de combattre la contagion tuberculeuse dans les milieux populaires par les mesures de désinfection méthodique