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les cellules lymphatiques arrivent bien à s’emparer des bacilles et à les transporter à quelque distance, mais, paralysées par la tuberculine qu’ils sécrètent incessamment, elles s’arrêtent, demeurent inertes et ne tardent pas à mourir ; leur substance propre servira d’aliment aux parasites qui s’accroissent dès lors avec rapidité. Les cellules fixes des tissus voisins, subissant à leur tour l’action irritante de la toxine bacillaire, se segmentent, leurs noyaux se multiplient, en même temps qu’une nouvelle zone de congestion se ; manifeste autour du nodule parasitaire et qu’une nouvelle couronne de globules blancs vient l’envelopper, comme pour opposer une barrière à son extension. Cette barrière, la plupart du temps, est promptement franchie ; le poison subtil sécrété par les bacilles continue son œuvre ; l’une après l’autre, les zones cellulaires de nouvelle formation sont frappées de mort, se fondent en masses vitreuses dans lesquelles les noyaux seuls restent encore quelque temps reconnaissables.

Les granulations tuberculeuses sont alors constituées et ne tardent guère à se fusionner entre elles, à former des masses concrètes, dont le centre, privé ! de nutrition par l’oblitération des vaisseaux, se mortifie rapidement, se caséifie selon le terme consacré. Bientôt ces masses farcies de bacilles se ramollissent, puis s’ouvrent dans les bronches, d’où leur contenu est éliminé au dehors par voie d’expectoration, non sans infecter au passage les parties encore indemnes du poumon.

Dès lors la phtisie est entrée dans sa phase destructive, et l’avenir est gravement compromis. Trop souvent, en effet, le mal arrivé à cette période ne s’arrête plus : aux lésions locales envahissantes s’ajoutent les phénomènes consomptifs, dont la cause principale est la résorption incessante des toxines tuberculeuses dans, le poumon atteint, et leur action délétère sur l’organisme tout entier ; le malade est en proie à la fièvre, il maigrit, perd l’appétit et les forces ; au bout d’un temps plus ou moins long, pendant lequel il sème la contagion autour de lui, le malheureux finit d’ordinaire par succomber.

Mais cette terminaison n’est nullement inévitable : à toutes les périodes de la maladie, sous l’influence d’un traitement approprié, ou même spontanément, les élémens anatomiques peuvent retrouver une énergie formatrice suffisante pour barrer le passage à la croissance du parasite ; grâce à la prolifération des cellules tant fixes que migratrices qui se forment en couronne