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LE GRAND ORIENT DE FRANCE
devant
LE CONSEIL D’ÉTAT

AVRIL 1863

En rangeant d’anciens papiers du temps où j’appartenais au Conseil d’État, je viens de retrouver les notes que j’avais prises pour l’affaire la plus importante, je crois, dont j’aie été chargé pendant ma carrière, le projet de Décret qui aurait reconnu comme établissement d’utilité publique le Grand Orient de France. À côté de mes notes, j’avais conservé une lettre de M. Cornudet, l’un des hommes qui, dans le cours de ma vie, m’ont inspiré le plus de respect et de sympathie. Il n’avait pu assister à la séance et il m’avait prié de lui communiquer mon rapport. En me le renvoyant, il m’écrivit : « Merci, cher collègue, gardez précieusement ce rapport fort bien fait et très curieux. Un jour ce document aura peut-être la valeur d’un document historique. Léon Cornudet. — Vous devriez le donner aux sténographes du Conseil pour qu’ils le reproduisent exactement. »

Je ne puis me rappeler si j’ai suivi ce dernier avis. En tout cas le procès-verbal des sténographes a été brûlé lors de l’incendie du Palais d’Orsay à l’époque de la Commune, en 1871. Il m’a paru qu’il ne serait pas hors de propos, dans les circonstances actuelles, de rappeler l’affaire dont le Conseil d’État a