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On a découvert en 1891 un petit arbre, l’euphorbe intisy, de 6 à 7 mètres, qui fournit une matière excellente. M. H. Jumelle signalait, il y a peu de temps, le piralahy, nouvelle liane du genre Landolphia, que l’on trouve dans les forêts du Boueni, à Majunga, à Andriba et dans la vallée du Betsiboka.

Au Congo français, on recueille également le caoutchouc de quelques Apocynées voisines des Landolphia. La production serait de 500 tonnes par an. « Tout le pays, dit M. Savorgnan de Brazza, est, à la lettre, couvert de vignes à caoutchouc. Il y a là des trésors. » La production du Sénégal est encore faible. Les indigènes commencent seulement à apporter aux comptoirs un produit clair, le kouroussa, dont la valeur commerciale est très voisine de celle du caoutchouc de Para.


V

La gutta-percha est une substance très différente du caoutchouc, au moins quant à ses propriétés et à ses usages. Elle ne lui ressemble que par son origine. Elle provient comme lui du suc laiteux de quelques plantes exotiques. Tandis que le principal caractère du caoutchouc est l’élasticité, celui de la gutta est la plasticité. Elle prend, lorsqu’elle est légèrement chauffée, toutes les formes que l’on veut lui imprimer et elle les conserve, après refroidissement, tout en restant parfaitement souple. De même, elle garde les plus fines empreintes, ce qui la rend précieuse pour la confection des moules galvanoplastiques.

On ne la connaît en Europe que depuis l’année 1843. Ce furent deux médecins de Singapour, le docteur José d’Almeïda et le docteur Montgomerie, qui l’y introduisirent. Son nom veut dire, selon quelques auteurs, gomme de Sumatra (Perxa est le nom malais de l’île de Sumatra), et selon Sérullas, gomme chiffon (pertcha signifie chiffon), désignation que lui vaudrait son extrême malléabilité. Des explorateurs de l’archipel Malais en avaient eu quelques morceaux dans les mains. Un de ces échantillons était venu échouer au musée de South-Lambeth, près de Londres, en 1656, où il était désigné par le nom de Mazer wood (bois surprenant), à cause des formes changeantes qu’on peut lui donner en le travaillant dans l’eau.

On fut quelque temps sans connaître exactement le nom de l’arbre qui avait fourni aux indigènes ce curieux produit. En